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2 - Sportifs de haut niveau et double projet : entre bonnes intentions et faisabilité
by Sophie Javerlhiac,VIP&S, Université européenne de Bretagne
François Leyondre, VIP&S, Université européenne de Bretagne
Dominique Bodin, VIP&S, Université européenne de Bretagne


Theme : International Journal on Violence and School, n°12, September 2011

While the dual project, that is to say, the fact of twin high-level sporting career and academic and/or professional formation, seems to be a priority in political discourse, its implementation remains problematic in many respects. The constraints of the organization of elite sport and the lack of commitment of the athletes themselves are not sufficient to explain this difficulty. Beyond good intentions and investment frameworks for promoting it at the same time the question of transforming words into action and the feasibility that are posed.

Keywords : Sportifs de Haut Niveau, Double projet, Formation, Politiques de formation.

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Introduction

Quels que soient les Ministres, Secrétaires d’Etats ou institutions tous sans exception se sont attachés à évoquer la nécessité de préparer l’avenir des Sportifs de Haut Niveau (SHN). Ainsi Dominique de Villepin avait indiqué, lors d’une conférence, le 19 septembre 2006 que le gouvernement étudiait des mesures visant à offrir de « véritables perspectives de carrière » pour la reconversion des SHN, en particulier chez les femmes1. Affirmant cela il pointait du doigt les inégalités perceptibles dans le sport de haut niveau mais également la nécessité pour l’Etat de se préoccuper d’un problème de société. Peut-on en effet continuer à demander à une partie de la population de représenter la France, de rapporter des médailles et des titres, cherchant, politiquement, à travers le sport à valoriser l’Etat, une politique, une société sans s’intéresser aux sacrifices personnels, professionnels ou plus simplement au devenir des athlètes qui se sont engagés dans cette voie pour accéder au niveau international ? La réalité, nous l’avons évoquée précédemment, est, en effet, beaucoup moins idyllique que certains discours politiques le laissent entendre à l’image de la déclaration de Roselyne Bachelot peu de temps après sa prise de fonction en tant que Ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative2:

« Concernant le sport de haut niveau, le quinquennat qui s’achève aura permis à la France de demeurer parmi les plus grandes nations en se plaçant au 7ème rang pour les médailles obtenues aux Jeux Olympiques d’Athènes de 2004 et au 4ème rang pour ce qui concerne les 25 sports les plus médiatisés en France, avec cette particularité française d’atteindre l’excellence dans des disciplines très diverses : de l’aviron à l’escrime, du canoë-kayak au handball, du judo à la natation. Au-delà des moyens financiers supplémentaires accordés aux fédérations pour des actions spécifiques en faveur du haut niveau dans le cadre du FNDS, je voudrais saluer le soutien actif mené depuis 2006 au double projet sportif et professionnel de nos athlètes de haut niveau » (Intervention de Mme Roselyne Bachelot-Narquin devant le Comité National Olympique et Sportif Français [CNOSF] à Paris le 23 mai 2007)3.

Au terme de la réunion informelle qui s’est tenue les 27 et 28 novembre 2008 à Biarritz (France) les Ministres des sports de l’Union Européenne ont adopté une déclaration, rappelant les caractéristiques spécifiques du sport énoncés dans la déclaration de Nice de décembre 20004 dont, entre autres, l’article 11 concernant la « préservation des politiques de formation des sportifs » et les progrès enregistrés depuis juillet 2007 dans la mise en œuvre du Livre Blanc sur le sport5. Cette déclaration indique clairement dans ses articles 7 et 8 la volonté d’instaurer une « « double formation » protectrice des jeunes sportifs et sportives » en affirmant plus précisément que :

« 7. Les Ministres considèrent important que la formation des jeunes sportifs et sportives professionnels ou de haut niveau repose sur une « double formation » sportive et éducative, de manière à leur permettre de se préparer à leur vie future au terme de leur carrière sportive.

8. Afin de favoriser la mise en place de dispositifs et de structures de nature à garantir que les sportifs pourront bénéficier du double projet, les Ministres encouragent les fédérations nationales et les confédérations, en liaison avec les pouvoirs publics et les représentants des sportifs et des clubs, à définir des critères de qualité auxquels doivent répondre les structures en charge de la double formation des sportifs et sportives. »6

Même s’il convient d’être mesuré quant à la mise en œuvre rapide des objectifs énoncés lors de cette réunion, force est de constater la récurrence des discours politiques en la matière. Ainsi lors de la « Réunion des directeurs régionaux, directeurs d’établissement et directeurs techniques nationaux » qui s’est tenue le 17 décembre 2008 au Creps d’Ille de France, Jarrige, Directeur des Sports au Secrétariat d’Etat aux Sports, présentant la réforme du sport de haut niveau et plus précisément le Parcours d’Excellence Sportive (PES) rappelait-il l’importance du double projet. Cette permanence discursive montre avant tout la prise en compte d’une préoccupation majeure dans la plupart des pays européens : celle de la formation et de l’insertion professionnelle des SHN. De nombreux SHN connaissent aujourd’hui, dans un certain nombre de pays, à commencer par la France, des difficultés financières pour vivre au quotidien, pour s’insérer professionnellement au terme de leurs carrières par manque de formation et de diplômes ou se trouvent spoliés par leur entourage familial ou professionnel.

Trop souvent la question de la reconversion est évoquée, que ce soit par les journalistes, les fédérations ou les sportifs eux-mêmes, comme un moment, une rupture qui marque le passage entre un statut7 et un autre. Travaillant sur cinq terrains distincts, l’Aviron, le Basket-ball, l’Escrime, la Gymnastique et le Tennis de Table, seuls les basketteurs opèrent une réelle reconversion, c'est-à-dire changent de métier, passent de celui de basketteur professionnel à un autre, celui de travailleur « ordinaire ». Certes la reconversion c’est cela mais pas seulement. Elle se lit dans « l’enchaînement de transformations subjectives qui accompagnent et conditionnent […] la transformation du statut social »8 et représente un processus transitoire délicat conduisant le SHN d’une position sociale valorisante et valorisée, progressivement à une autre, celle de travailleur « ordinaire » devant trouver place et rang dans la société. La reconversion consiste donc en un processus qui devrait débuter très en amont de la décision de se reconvertir. Trop souvent encore les discours politique et médiatique vantent la reconversion réussie des SHN les plus connus. Ces propos apologétiques se confondent avec les discours laudatifs faisant du sport un espace social privilégié favorisant l’intégration ou la promotion sociale. Reste que, derrière les paillettes, le sport de haut niveau cache parfois une face plus sombre : celle de la précarisation d’anciens athlètes qui reste un sujet tabou. Pour Bambuck9 les SHN sont « une classe ouvrière qui a exactement les mêmes problèmes qu’avait la classe ouvrière à la fin du 19ème siècle c'est-à-dire la précarité, la non reconnaissance des employeurs, le fait que l’on consomme, que l’on cueille, que l’on presse et après que l’on jette »10. La reconversion n’est pas seulement un changement de statut, elle est aussi un « processus de bifurcation biographique » et une « expérience de conversion de soi »11 qui, aujourd’hui et, dans bien des cas, s’apparente moins à un processus « volontaire de conversion » qu’à un « processus contraint »12 par l’urgence de la situation comme l’absence de résultats ou une blessure qui marque l’arrêt de la carrière.

La préoccupation essentielle de ce travail est normative. Il s’agit de porter un jugement sur une politique publique particulière : la mise en œuvre du double projet. Cette politique offre, peut-être, une caractéristique distinctive d’un certain nombre d’autres : elle ne s’impose pas, a priori, aux individus auxquels elle est censée bénéficier. Cette analyse s’inscrit dans le champ de la sociologie actionniste : celle de « l’acteur et du système »13. Ce choix n’est pas anodin car, pour comprendre les possibles et les interdits qui fixent le finis des politiques publiques en matière d’aide et d’accompagnement à la formation et à l’insertion des SHN, il convient de saisir le jeu des acteurs au sein d’un système que tous contribuent à construire. En acceptant le fait que « tous les phénomènes ont un sens et correspondent à une rationalité à partir du moment où ils existent »14, il conviendra donc de les faire faire émerger en recueillant « l’expérience vécue » et les « stratégies mises en place » par chacun, en comparant les dires, inévitablement subjectifs, avec ceux des autres acteurs : les représentants du ministère, les référents haut niveau de chacune des fédérations ou des personnes en charge à l’Institut National du Sport et de l’Education Physique (INSEP) de la formation ou du suivi socioprofessionnel. Mais l’intérêt ne s’arrête cependant pas à l’observation de ce jeu d’acteurs. Il s’agit aussi d’analyser à travers ce jeu le fonctionnement même du système, les relations de pouvoir qui existent et, en creux la manière dont chacun en joue c’est à dire « la marge dont dispose chacun des partenaires engagés dans une relation de pouvoir, […] dans sa possibilité plus ou moins grande de refuser ce que l’autre lui demande »15.

De la méthodologie mise en œuvre

Le point de départ de ce travail est constitué par l’étude des textes légaux et réglementaires. Leur analyse sera croisée avec les discours et annonces politiques mais également avec les rapports parlementaires qui pointent les dysfonctionnements apparents dans l’application des décisions politiques propres au MSS. Il ne s’agit nullement de rester à une critique de surface mais bien au contraire d’essayer de construire une analyse critique de ce qui est souvent perçu comme un allant de soi : l’aide apportée aux SHN. Dès lors l’analyse des discours et des textes ne suffit pas. Encore faut-il pouvoir comparer les intentions et les textes, les cadres d’actions et les actions proprement dites, les dires et les faits. Pour ce faire neuf entretiens ont été réalisés avec des institutionnels : 1 auprès de la personne en charge du suivi socioprofessionnel au Secrétariat d’Etat aux Sports ; 3 avec les personnels de l’INSEP en charge de la formation, du suivi socioprofessionnel et du bâtiment scolarité ; 5 avec les Directeurs Techniques Nationaux adjoints ou Entraîneurs Nationaux en charge du suivi socioprofessionnel des Fédérations françaises d’Aviron, de Basket-ball, d’Escrime, de Gymnastique et de Tennis de Table. Il s’agissait de prendre en compte un « récit de pratiques »16, c'est-à-dire un tronçon du vécu d’un certain nombre de personnes correspondant à une pratique sociale particulière. Pour cette raison les entretiens commençaient par la phrase suivante : « Pouvez-vous définir votre statut, votre fonction et votre rôle ». Tous les entretiens ont fait l’objet d’un enregistrement et de retranscriptions. Seule une personne travaillant à l’INSEP a refusé d’être enregistrée.
Trois grandes thématiques17, réparties en 16 questions, ont structuré les entretiens réalisés avec les institutionnels :
- la pertinence de la politique menée en matière de formation et reconversion des SHN au regard du problème posé et des actions mises en œuvre que ce soit par le Secrétariat d’Etat, l’INSEP ou les fédérations,
- la cohérence des objectifs, des dispositifs et des moyens,
- l’efficacité à travers les effets induits par les actions mises en œuvre mais également les effets pervers ou problèmes rencontrés.

Ces thématiques et questions n’ont pas constitué une trame fixe. Une marge de liberté et de relative spontanéité a été laissée aux interviewés de manière à faire émerger « la personnalité, les besoins essentiels, la conception de la vie des interviewés »18. Dans la démarche à la fois comparative et compréhensive, propre à ce travail, l’analyse de contenu revêt à la fois une « fonction heuristique » et une « fonction d’administration de la preuve »19. Une analyse thématique des discours, de type fréquentielle, a été utilisée consistant « à repérer des « noyaux de sens » qui composent la communication et dont la présence ou la fréquence d’apparition pourront signifier quelque chose pour l’objet analytique choisi »20. Mais matière à explication et compréhension ont également été trouvés dans la « singularité » car, bien au-delà d’un repérage purement comptable des thèmes, le plus important est bien « ce que le sujet dit [...], de ce qu’il veut ou non dire, [...] de ce qu’il peut ou non dire, [...] compte tenu de la situation »21. Suivant le modèle d’analyse de Barthes, un repérage en trois niveaux des discours22 a été utilisé :
- le niveau des fonctions dans lequel se déploient les différents événements qui émaillent le récit. Ces événements ponctuent et rythment l’action de nos interviewés dans leurs pratiques professionnelles,
- le niveau des actions qui mettent en scène des « actants », c’est à dire des personnages qui sont intervenus, ont participé, ont agi pour faciliter, ou à l’inverse contrecarrer, les actions mises en œuvre,
- le niveau de la narration, qui met en évidence la dimension dialogique du récit, dans lequel le narrateur défend son point de vue, émet des arguments et des thèses, pour convaincre, notamment, l’interviewer.

Les homologies discutées sont donc des catégorisations a posteriori des discours tenus par nos interviewés l’objectif étant tout à la fois d’interpréter et de produire du sens à partir des dires recueillis, « d’étudier un fragment particulier de réalité sociale-historique, un objet social ; de comprendre comment il fonctionne, comment il se transforme »23.
Les entretiens réalisés avec les SHN, en activité ou en reconversion, consistant en des histoires de vie dans lesquelles ils décrivent leur vécu depuis leur intégration dans la filière de haut niveau, analysés de la même manière, seront utilisés de manière illustrative pour conforter ou infirmer les propos des institutionnels croisant ainsi objectifs affichés et vécus des athlètes confrontés à la conduite du double projet.
Afin de discuter de l’efficacité et des effets induits par les actions mises en œuvre, quatre domaines seront tour à tout analysés et commentés : les problèmes posés par la conduite du double projet, les dispositifs manquants ou inappropriés, les problèmes liés au « système » et à son organisation et, bien sûr, les problèmes liés aux SHN eux-mêmes.

Le double projet en questions

La conduite du double projet : entre bien-fondé et effets pervers

Si aux plans moral et philosophique le bien-fondé du double projet ne devrait pas se poser, confirmant en cela la volonté politique, a priori, clairement affichée en la matière, la question de sa mise en œuvre, temporelle et organisationnelle, n’est pas sans poser un certain nombre de problèmes.

Le premier est bien évidemment celui du moment de sa réalisation durant la carrière sportive. Le modèle proposé par Bouchetal et al.24, montre bien que quatre grands principes d’actions peuvent être retenus :

- Les modèles à carrière courte, comme la gymnastique, dans lesquels formation et insertion professionnelle succèdent immédiatement la carrière sportive, sans empiéter sur celle-ci mais, également, en respectant « relativement », sans trop de retard, la logique de formation d’un individu non SHN.

- Les modèles à conciliation comme l’escrime et l’aviron, où la formation se fait conjointement à la carrière sportive par un aménagement approprié des temps, rythmes et formes d’entraînement. Là encore les SHN ne souffrent pas de retard important dans l’obtention de diplômes. A l’inverse l’insertion professionnelle ne se fait pas obligatoirement immédiatement sauf si l’athlète bénéficie d’un travail durant sa carrière sportive lui permettant de concilier les deux ou bien se trouve en CIP. La carrière est souvent relativement longue dans ces sports. Il n’est pas anormal de voir, par exemple, des escrimeurs à haut niveau ayant plus de 30 ans.

- Les modèles professionnels. Les études sont interrompues en raison même du contrat de travail qui lie les SHN aux structures qui les emploient. La reprise des études se fait le plus souvent après la carrière sportive qui se termine, généralement entre 30 et 35 ans. Deux possibilités s’offrent alors aux sportifs. Soit ils ont gagné suffisamment d’argent pour vivre de leurs « rentes », cette remarque n’est valable que pour les hommes, soit ils se retrouvent dans l’obligation, comme c’est le plus souvent le cas en Basket-ball de s’engager dans une formation après leur carrière. Leur insertion professionnelle se trouve de fait retardée et ils se retrouvent en concurrence sur le marché de l’emploi avec des diplômés plus jeunes.

- Les modèles pseudo professionnels comme le tennis de table qui offrent toutes les contraintes du sport professionnel, permettent de gagner suffisamment d’argent pour bien vivre au quotidien durant leur carrière sportive mais pas assez pour ne pas travailler après. Ils sont dans la même situation que le modèle précédent.

A la description de ces quatre modèles se lit l’intégralité des problèmes liés à la conduite du double projet. Tout d’abord, celui du choix. A partir de quel moment entrer en formation ? De sa faisabilité au regard des contraintes posées par l’organisation du sport auquel on appartient ou de son statut de salarié d’un club sportif. Certes les SHN, quels qu’ils soient y compris ceux des deux derniers modèles, pourraient, comme les salariés de toute entreprise suivre des cours du soir, être inscrits en non assidus, etc. Limiter l’analyse à ces questions revient en fait à nier la charge de fatigue liée aux entraînements et aux compétitions, aux rencontres sportives qui entourent l’entraînement, aux soins que nécessitent la pratique régulière d’un sport à très haut niveau. Si dans l’absolu tout est possible, dans la réalité, la faisabilité est plus incertaine à moins que tout soit pensé pour, et en fonction, de l’athlète et de son projet.

Le deuxième problème est celui de la validité des diplômes car, même si l’athlète, appartenant à l’un ou l’autre des modèles, suit une formation et obtient un diplôme de qualité durant sa carrière sportive sans s’insérer, sous une forme ou une autre, professionnellement immédiatement, son diplôme, ses connaissances, ses aptitudes au travail sont obsolètes au bout de quelques années. Il est clair qu’il manque à ce niveau deux objectifs essentiels : une insertion professionnelle immédiate ou, à défaut, un système de formation continue, comprenant une remise à niveau, des stages, l’obtention de diplômes complémentaires qui pourrait permettre aux SHN de ne pas se retrouver entre 30 et 40 ans avec des diplômes « anciens » sans avoir aucune expérience professionnelle. Un certain nombre de fédérations font, aujourd’hui, l’effort de s’investir davantage dans le double projet mais observe les problèmes d’insertion professionnelle de leurs SHN.

Le troisième est un effet pervers tout à la fois des modèles sportifs décrits précédemment et de la volonté politique affichée en matière de double projet. Beaucoup de fédérations sont contre le double projet. Elles arguent souvent du fait que la concurrence mondiale est telle que sa réalisation ne peut conduire qu’à l’échec sportif. Elles ne l’affichent pas ouvertement. Mais la quantité de CIP signées par certaines fédérations montre bien que quelques unes d’entre elles n’engagent pas réellement leurs athlètes dans cette voie (le tennis de table par exemple). Pour ne pas être en porte à faux, les SHN sont inscrits dans des filières professionnalisantes comme la préparation aux Brevets d’Etat mais qui ne débouchent pas sur emploi, qui plus est, un emploi valorisant ou d’un niveau élevé à moins d’obtenir le Professorat de Sport plus tard. En raison des contraintes temporelles, une grande part des athlètes choisissent ce type de formation, voire une entrée en BTS action commerciale qui est dispensé, en partie, à l’INSEP. Ces formations ne sont bien souvent que des occupationnels et confinent les SHN vers un type d’emploi relativement restreint en nombre et en niveau de rémunération. Pour le directeur de la formation de l’INSEP il convient de changer cette façon d’aborder les choses :

« Ma priorité c’est de changer les mentalités. Quand on est à l’INSEP on pense que le SHN va être entraîneur ou prof d’EPS, donc ma priorité, elle est de dire le sportif de haut niveau peut faire autre chose, sans que ce soit dégradant d’être entraîneur ou prof d’EPS, il peut faire autre choses donc je souhaite diversifier les parcours ».

Multiplier les possibilités et parcours de formation et tenir compte du projet professionnel ont pour corollaire d’augmenter les contraintes imposées aux filières d’accès au haut niveau car, dans ce cas, l’organisation temporelle n’est plus structurée autour de l’activité mais en fonction des disponibilités de l’athlète. C’est une rupture totale dans la conception de l’entraînement et de la gestion des SHN qui se retrouveraient, dans cette perspective, réellement au cœur du projet alors qu’aujourd’hui ils sont, dans la majorité des cas, soumis à un système productiviste qui, dans bien des cas, tend à les pressurer25 sans toujours s’en rendre compte durant leur carrière sportive. Ce n’est en effet bien souvent qu’après celle-ci, et face aux difficultés d’insertion professionnelle rencontrées, que les SHN prennent conscience des choix effectués sans toujours s’en être rendu compte alors :

« J’ai bac plus 0. […] Je revois mes anciens amis. Ils ont tous des supers boulots. Ils ont des Masters. Avant ils trouvaient que j’avais de la chance avec le ping mais maintenant je trouve que c’est eux qui ont de la chance. C’est dommage d’arrêter les études car je suis dans la galère maintenant. […] Si tu perces, tu perces mais il faut continuer les études pour plus tard. […] J’ai mis un peu d’argent de côté. J’ai vendu mon appart. Je ne suis pas à la rue mais je me lâche pas » (Joueur de TT).

Ne nous y trompons cependant pas, bien souvent, les SHN se complaisent dans cet entre soi qu’offre le sport de haut niveau, milieu tout à la fois sclérosant mais éminemment protecteur et valorisant pour ceux qui réussissent ou sont en phase de progression. Protégés, valorisés, accompagnés, choyés et hébergés dans des hôtels de luxe, voyageant à travers le monde, les SHN n’ont bien souvent ni la conscience de la réalité quotidienne d’un individu ordinaire ni de la complexité sociale. Il y a quelque part perte de sens et de valeurs au point que les difficultés rencontrées pour se former et s’insérer ou, plus simplement, être obligé d’accepter d’entamer une démarche de formation s’avèrent difficile :

« En revanche il y a d’autres fédérations où on peut gagner de l’argent mais c’est toujours difficile à un moment donné d’enclencher […] le sportif il est dans une situation de confort, le Tennis de Table c’est clair, nous… on a du mal à travailler avec les pongistes actuellement […] ils sont dans une telle situation de confort en tant que salariés, ils gagnent même plus que nous… à la limite leur faire comprendre que s’ils ne travaillent pas à l’heure actuelle pour une formation qu’est-ce qu’ils feront plus tard ? » (Manager du département de l’orientation et de la formation et de l’emploi à l’INSEP).

En matière de double projet, il manque cependant une évaluation essentielle qui pourrait peut-être permettre sa facilitation et une meilleure prise en compte de la part des instances fédérales : le bien être des SHN. Aucune étude ne prouve la relation existant entre l’augmentation de la charge d’entraînement, passé un certain seuil qu’il conviendrait de déterminer, et l’augmentation de la performance. Dans son livre racontant sa descente aux enfers, Béon26, ancien cycliste professionnel, évoque ainsi l’équilibre et la sécurité que lui auraient apporté le fait d’avoir une formation et de posséder des diplômes et qui l’auraient aidé, selon lui, à ne pas avoir peur du lendemain et peut-être à ne pas recourir au dopage qui, pour lui, était une manière d’assurer illusoirement son avenir financier en augmentant ses performances. Un athlète « plus équilibré », pensant à autre chose, sortant du cadre restreint de la formation est peut-être tout simplement un athlète potentiellement plus performant ?

Les dispositifs manquants ou inappropriés

Les CIP

En dehors du contexte qui peut poser problème un certain nombre de dispositifs s’avèrent manquant ou inappropriés. Du moins, certains mériteraient d’être complétés et actualisés en fonction des difficultés inventoriées par les acteurs de la formation ou du suivi socioprofessionnel. Ainsi, alors que les CIP constituent, a priori, une voie intéressante de formation et d’insertion professionnelle pour les SHN et l’un des dispositifs phare du MSS en matière de double projet, leur efficience reste cependant limitée. Le principe est en lui-même bien réfléchi. Il s’agit d’emplois aidés par l’Etat qui offrent une modularité horaire, l’athlète consacrant 50 % de son temps à l’entreprise, sur l’année. Si le principe est positif, il offre entre autres une expérience professionnelle, une qualification et un premier emploi aux SHN, son fonctionnement n’est pas sans poser des problèmes tant aux entreprises qu’aux SHN eux-mêmes. Pour les entreprises, les SHN ne sont pas des salariés comme les autres. Il n’est pas possible, en raison même de la modularité des emplois du temps et, ce quelles que soient leurs compétences, de leur confier des tâches sur le moyen ou long terme. En raison d’un calendrier sportif qui fluctue selon leurs résultats et leurs sélections, l’entreprise est conduite régulièrement à s’adapter et à pallier aux absences imprévues. Cela explique, en partie, tout à la fois le faible nombre global de CIP, 738 CIP nationales ou déconcentrées signées, ou en cours de l’être, pour 2008 (dernières données disponibles) pour un total de 6 958 SHN pouvant en bénéficier en 200727 et la faible participation des PME (Petites et Moyennes Entreprises). Ces dernières, interrogées par les personnes en charge de la formation à l’INSEP, rechignent à investir sur, et à former, un personnel qui ne sera pas pleinement et de manière suivie disponible. Il convient néanmoins de nuancer le propos en remarquant que tous les SHN n’ont pas besoin d’une CIP. Certains sont en formation. D’autres ont un emploi en dehors de toute CIP.


 

Les trois graphiques précédents28 montrent à quel point la part des entreprises reste faible, en dehors des CIP négociées au plan régional. La fonction publique d’Etat étant le plus gros pourvoyeur de CIP (379 pour 88 pour l’ensemble de la fonction publique territoriale, 231 dans les entreprises, 7 dans la fonction publique territoriale et 33 dans les associations). Ces chiffres mériteraient une analyse plus approfondie que ne permettent pas les bases de données du MSS en l’état actuel. Comment en effet interpréter le fait que les entreprises investissent moins sur des CIP nationales que déconcentrées ? Est-ce un effet de réseau au plan local ? Ou bien cela résulte t’il d’un travail particulier réalisé dans certaines régions ? Les CIP déconcentrées profitent-elles davantage à des athlètes moins performants, plus disponibles donc plus employables ? Ou bien au contraire les entreprises régionales investissent-elles différemment et davantage en utilisant à des fins de communications interne et externe sur les SHN ? Ces questions ne sont bien évidemment pas exhaustives et ne sont là que pour montrer que si des chiffres sont produits, données intéressantes au demeurant, ceux-ci ne sont pas analysés et ne peuvent pas l’être compte tenu du manque d’informations réellement utilisables pour évaluer l’action mise en œuvre. C’est une chose de fabriquer des indicateurs c’en est une autre qu’ils puissent être utiles et surtout utilisables.

Si l’Etat, par le biais de la fonction publique, investit et recrute davantage que les autres en terme de CIP il n’en reste pas moins vrai que peu de ministères participent à cet effort. La quasi-totalité des CIP sont concentrées sur les ministères du Budget, de la Défense et de l’Intérieur. Les entreprises rechignent à signer des CIP :

« Au regard des difficultés qu’on rencontre au quotidien ça serait de…il faudrait qu’un maximum de sportifs de haut niveau bénéficient des CIP, le principal frein que l’on rencontre aujourd’hui c’est que les entreprises ne sont pas des philanthropes, elles ne sont pas hostiles aux recrutements des SHN au contraire par contre elles ne veulent pas avoir du manque à gagner et aujourd’hui recruter un sportif de haut niveau ça coûte de l’argent à l’entreprise quel qu’elle soit la structure, que ce soit une mairie, une collectivité, une association ou autres, ce serait que l’Etat puisse compenser financièrement l’intégralité du manque à gagner, auxquels cas effectivement je pense que les entreprises seraient beaucoup plus enclin à recruter des athlètes, ça c’est une certitude, parce qu’aujourd’hui recruter un sportif de haut niveau en dépit des dispositifs mis en place, des subventions directes de l’Etat, des réductions d’impôts à travers le dispositif du mécénat, ça coûte encore de l’argent aux entreprises donc nous notre levier c’est de leur dire, effectivement vous allez encore…ça vous coûte, c’est encore un effort financier mais ce qu’il faut savoir c’est que vous pouvez communiquer…euh sur le nom du sportif et que surtout le sportif peut communiquer une image positive de l’entreprise, une image citoyenne d’une entreprise qui favorise la diversité sur des profils atypiques et vous avez la possibilité de promouvoir des actions de communications déjà en interne et en externe… » (Responsable du suivi socio professionnel des SHN au Secrétariat d’Etat aux Sports).

La question de la différence entre affichage d’une volonté politique de l’Etat et action concrète en faveur des SHN se trouve posée de nouveau à la lecture de ces chiffres et de ces arguments. Certes, il est toujours possible, au MSS, d’arguer du fait qu’il réserve un accès privilégié à la fonction publique par le biais de la filière « haut niveau » du professorat du sport, facilitant ainsi l’insertion professionnelle directe, d’un certain nombre de SHN, par le biais d’un « concours » peu sélectif29. Mais, en ce qui concerne les aides directes aux entreprises la question est bien de savoir si oui ou non l’Etat veut favoriser l’insertion professionnelle des athlètes en dehors des seules filières sportives malgré les contraintes que leurs recrutements imposent aux entreprises. Les CIP se heurtent tout à la fois à la logique économique des entreprises, avoir des employés performants et rentables mais également à la structuration et la marchandisation du sport de haut niveau. La relation privilégiée qui pouvait exister autrefois entre sponsors et fédérations et qui conduisait parfois à l’embauche d’anciens SHN est aujourd’hui amoindrie par la logique de retour sur investissement immédiat, ce que constatent et regrettent les responsables du suivi socioprofessionnel :

« Les sponsors se servent d’eux comme d’une image et l’accès à l’emploi c’est un autre problème… c’est complètement différent […] je dirais que ce qui était valable il y a 10, 15 ou 20 ans ceux qui avaient des sponsors pouvaient intégrer un emploi dans… chez Adidas, chez Nike, chez qui on veut, chez les équipementiers bien souvent… c’est vraiment plus le cas maintenant du tout, maintenant ils vont chercher des compétences ça c’est clair donc il faut que le sportif de haut niveau ait la même compétence, ou en tout cas, une valeur ajoutée, une plus value par rapport à quelqu’un qui va postuler sur le même poste, sur l’emploi, ça c’est clair… il ne faut pas se leurrer en disant « vous êtes sportifs de haut niveau on vous attend » ». (Manager du département de l’orientation et de la formation et de l’emploi à l’INSEP).

En passant d’un sponsoring paternaliste construit sur une logique de réseau de connaissances proximales à un investisseur financier30 qui investit sur une image, un des maillons de l’insertion professionnelle, qui profitait à un plus grand nombre, s’est trouvé rompu au profit de l’augmentation des revenus d’un nombre plus restreint de SHN. Les sportifs sont donc contraints de s’insérer professionnellement au même titre que les individus ordinaires, même si les CIP peuvent faciliter en partie les choses et que la renommée obtenue avec les médailles et les titres acquis leur donnent des possibilités supplémentaires de se vendre :

« C’est vrai que mon titre on en a parlé et c’est comme ça que finalement j’ai pu négocier plus facilement je pense un emploi. Ca a joué pour beaucoup c’est sûr car je n’étais pas le seul à postuler sur cet emploi et les autres ils avaient les mêmes compétences que moi » (Aviron 2).

Se trouve posée ainsi, de nouveau, la question de la qualité et de la diversité des formations dispensées. Le SHN est dans une double logique sélective, sportive d’un côté, professionnelle de l’autre et doit assumer les deux de front au risque d’en rater l’une des deux, ou du moins, ce qui est souvent le cas, de connaître des problèmes de formation et d’insertion professionnelle en fin de carrière.

Un problème particulier commence à émerger au niveau des CIP. Ce qu’il serait possible de qualifier de « fausses CIP ». Finalement la tentation est grande pour une association de signer une CIP, pour bénéficier des avantages économiques liés au financement par l’Etat d’une partie du salaire et des charges, afin de s’assurer les services d’un SHN dans ses équipes. Même si pour l’instant le système ne semble pas « s’emballer ». Les acteurs du suivi socioprofessionnels entendent rester vigilants sur cette question.
Reste un constat cependant, positif a priori, les sportifs médaillés lors des derniers JO de Pékin sont 67 % à être en situation d’emploi (tous types d’emplois confondus : travailleurs indépendants, emplois aménagés, etc.), 23 % en formation (scolaire, supérieure ou professionnelle31) pour 10 % seulement en situation de demandeurs d’emplois32. Les indicateurs fournis ne permettent cependant pas une discussion approfondie. En effet, il n’est pas possible de déterminer si les athlètes sélectionnés aux JO sont mieux aidés par le MSS et leurs fédérations que les autres ? Si le fait d’avoir un emploi aide ou augmente leur performativité sportive ? Quoiqu’il en soit l’existence de CIP ne doit pas faire oublier l’essentiel : certaines fédérations en signent, d’autres pas et, alors que le double projet, est un des axes privilégiés du Ministère, aucune mesure de coercition n’est prise à l’encontre de ceux qui, de manière flagrante, ne le favorise pas.

A la fin de l’année 2008, 6 fédérations n’avaient jamais signées aucune CIP : Automobile (possédant pourtant 77 SHN), Billard (5 SHN), Golf (50 SHN), Sport boules (68 SHN), Tennis (125 SHN) et Tennis de table (84 SHN).

Les problèmes liés à l'insertion professionnelle

Les indicateurs liés à la mesure de l’insertion professionnelle des SHN sont en fait quasi inexistants. Il n’existe pas, au même titre que les universités, de mesure de l’insertion professionnelle des « sortants » à 6 ou 18 mois. En supprimant l’indicateur 6-2 l’Etat se dispense d’avoir à justifier et, en conséquence, d’agir sur l’insertion professionnelle des SHN. Impossible de mesurer la variation du taux réel d’insertion professionnelle des SHN. Impossible également d’observer l’impact de l’entrée/abandon/réussite dans une filière de haut niveau sur la scolarité et l’insertion professionnelle des sportifs. Impossible encore de mesurer la mobilité sociale des SHN et de savoir si le sport de haut niveau à un impact positif permettant de dépasser la simple mobilité structurelle, facilitant la mobilité sociale ascendante ou, si à l’inverse, et dans quelle proportion, le sport de haut niveau précarise les athlètes. Même si, bien évidemment, le décryptage des modalités et l’identification des causes de la mobilité sociale restent une des difficultés majeures de son intelligibilité34. Aucune information n’existe officiellement sur le statut et le niveau d’emploi des SHN, pas plus que sur les grilles de salaires auxquels ils accèdent dans le cadre de CIP ou après leurs carrières. Le module « Suivi sportif » mis en place sur l’Extranet du MSS pourrait en partie nous renseigner sur ces questions si les SHN remplissaient leurs fiches. Seulement 51 % d’entre eux l’avaient fait à la fin de l’année 2008 alors qu’ils étaient 65 % à s’être connectés35. Il n’empêche que ces indicateurs devraient être mis en œuvre et se conformer aux mesures, entre autres, de l’INSEE36, concernant le « statut d'emploi et le type de contrat des actifs occupés selon le diplôme et la durée depuis la sortie de formation initiale »37, ou du CEREQ38, à travers les enquêtes d’insertion et de génération39, afin de pouvoir comparer le devenir des SHN aux individus « normaux ». Une étude longitudinale a été effectuée sur le devenir des SHN qui est restée non diffusée en raison des problèmes identifiés. Afin d’améliorer les connaissances en la matière et tenter d’agir au plan de la formation, au sein de l’INSEP, le Manager du département de l’orientation et de la formation et de l’emploi a lancé en février 2009 une enquête concernant le suivi socioprofessionnel des SHN en tentant de remonter cinq années en arrière.

L’absence de données utilisables et d’indicateurs pertinents recoupent les difficultés liées à l’insertion professionnelle des SHN. D’une part les fédérations ne jouent pas toutes leur rôle en la matière et se désintéressent plus ou moins de cette question, d’autre part, si un certain nombre d’actions concrètes existent, comme les Carrefours de la Performance, celles-ci restent trop souvent esseulées et mériteraient d’être renforcées par un dispositif plus performant :

« L’accès à l’emploi [rires dépités] je pense que là sur l’orientation, sur la mise en route des parcours de formation individualisé, sur tout ce qui est modulation, tout ce qui est justement avec les partenaires extérieurs ça marche très très bien. En revanche l’accès à l’emploi c’est… pour rester… alors évidemment il y a encore des outils à développer etc. […] on a mis en place le Carrefour de la Performance, il y a deux éditions […] donc en fait pour nous le point faible c’est l’accès à l’emploi dire que là il faudrait…euh mais je ne sais pas comment faire parce que les entreprises quand on discute avec elles lors du Carrefour de la Performance, si elles sont là c’est qu’elles ont envies de recruter des sportifs de haut niveau donc elles sont intéressées par ce que dégagent en terme d’image, parce tout ce qu’il y a derrière, la valeur…la valeur ajoutée du sportif de haut niveau sauf que…on en avait 60 à peu près d’entreprises…on a…on peut dire qu’on a une 100 entreprise ou une petit centaine d’entreprises avec celles du ministère qui sont réceptives à ce qu’est un sportif de haut niveau après c’est le passage entre le…entre le dire et le faire et ça pour l’instant on a du mal quoi !…parce que même les entreprises qui nous disent si on peut on embauche…si on peut et voilà nous, notre difficulté mais elle ne dépend pas que de nous alors évidemment après on peut améliorer le système mais l’améliorer…le système…nous on est service public dans un ministère où tout est en réduction donc améliorer un système dans un budget en réduction ce n’est pas évident donc il faut faire des choix et des priorités…enfin nous nos priorités, on les a déjà faites et on se dit on ne peut pas faire ce qu’on veut de l’orientation sous prétexte qu’il faut améliorer l’accès à l’emploi parce que si on fait tomber l’orientation, on n’aura pas l’accès à l’emploi…ben voilà…donc on a consolidé tout ce qui est la base pour nous ce qui est fondamental l’orientation, le parcours de formation individualisé et l’accès à l’emploi il faudrait qu’on soit comme les écoles je dirais, créer une cellule d’un certain nombre de personnes pour pouvoir prospecter, ça voilà chacun de nous on prospecte comme on peut et pour pouvoir faire de la prospection, pour pouvoir aussi travailler au sein même de l’entreprise pour savoir comment ça se passe avec des sportifs qui sont déjà intégrés, se servir du réseau, avoir une espèce de parrainage même avec les sportifs qui sont déjà dans les entreprises etc. etc. mais pour l’instant c’est chacun qui se débrouille comme il peut, comme il peut dans son coin, la fédération dans son coin avec son réseau propre de sponsors etc. Etc. Stéphanie comme elle peut au ministère, nous en relation avec Stéphanie comme on peut, les DR encore là plus isolées que nous, parce qu’elles sont proches comme le DR d’Ile de France, quand on rencontre des entreprises Stéphanie et moi, on est autour de la table, y a pas de problèmes mais les DR en province, en région…eh ben elles, elles sont complètement démunies parce que c’est pas gagné donc voilà…nous, notre point faible je dirais c’est celui-ci alors que c’est notre objectif principal… donc mais… voilà on y travaille au mieux mais on n’a pas la solution immédiate. Mais on sait que c’est notre…c’est notre talon d’Achille…euh qui faut renforcer à tout prix, à tout prix, à tout prix sinon. » (Manager du département de l’orientation et de la formation et de l’emploi à l’INSEP).

Ce long extrait d’entretien montre tout à la fois la bonne volonté et la motivation des acteurs en charge du suivi socioprofessionnel mais également les problèmes auxquels ils sont confrontés. Tous, interrogés séparément, ont tenu le même discours, engagé et lucide à la fois, concernant le manque d’efficacité en matière d’insertion professionnelle. Manque d’efficacité dû à la faiblesse des moyens humains mais également au manque de coordination entre les différents interlocuteurs (Ministère, INSEP, cadres référents fédéraux) ou de réseaux d’anciens athlètes. Singulièrement le milieu sportif qui a la réputation de fonctionner en réseau, travaille en ce domaine de manière très cloisonnée. Il est clair que les choses ne pourront s’améliorer aujourd’hui que si tous les acteurs collaborent et si l’Etat met davantage de moyens matériels et humains sur cette étape particulière que représente l’insertion professionnelle :

« La majorité de ce qu’on appelle entre guillemets les petites fédérations, les fédérations non olympiques, ont juste un cadre d’Etat, en règle générale c’est le DTN, qui fait tout, et qui n’a pas forcément le temps de bien se pencher sur ces questions d’insertion professionnelle… hum et de la même façon au niveau de nos directions régionales on sait qu’on est quand même dans une logique de réduction du coût de l’Etat et ça passe également par la réduction du nombre de cadres d’Etat en charge de ces questions là et, même en direction régionale, la plupart de nos collègues n’ont pas que la question du suivi socio professionnel, ils ont également la gestion des filières, la gestion des pôles, quand on n’est pas missionné à 100% sur cette question là, c’est sûr que ça devient plus délicat d’apporter les réponses les plus appropriées » (Responsable du suivi socio professionnel des SHN au Secrétariat d’Etat aux Sports).

Une partie des problèmes pourrait cependant être plus facilement résolus s’il était fait obligation à toutes les fédérations d’œuvrer réellement en faveur du double projet en incluant cette question dans les PES en cours de signatures. Avec la mise en œuvre d’un programme d’actions, de contrôles et d’évaluation il serait alors aidé de peser sur le développement du double projet.

Les Carrefours de la Performance ont marqué une ouverture vers le monde de l’entreprise. La première édition en 2006 rompt effectivement avec le modèle habituel qui prévalait depuis des années et contre lequel se bat aujourd’hui, entre autres le responsable de la formation de l’INSEP : une fermeture aux formations et aux métiers autres que sportifs. Les Carrefours de la Performance sont des lieux de rencontres entre fédérations, athlètes et entreprises. Des moyens de contracter de nouvelles relations et de construire des réseaux susceptibles d’insérer les SHN, de leur proposer des stages professionnels ou des CIP, ou plus simplement de les aider pour construire leur projet professionnel.

Si ces Carrefours sont un succès organisationnel et attirent un certain nombre de personnes leurs effets restent faibles. Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord peu de SHN viennent à ces rencontres. Par désintérêt parfois, ne sachant pas que chercher bien souvent. Ce dernier point n’a pas échappé aux responsables de l’organisation :

« Je ne sais pas si Stéphanie vous en a parlé mais le Carrefour de la Performance, finalement c’est un truc qui la première année a eu un grand succès en termes de nombres, 1200/1300 sportifs…euh 80 entreprises…euh 4 Ministres…euh gros tralala, bonne couverture médiatique etc. Mais en fait il y a eu très peu de réussites, très peu de réussites sur le plan de stages, les…les sportifs découvraient le monde de l’entreprise, ils arrivaient…ils discutaient avec les DRH et ils ne savaient pas quoi leur demander donc il y avait quand même 3 objectifs : 1 connaître l’entreprise et les métiers ; 2 rechercher un stage ; 3 rechercher un emploi donc voilà…là on est…on a eu un gros succès médiatique mais à mon avis sur le terrain on a eu une dizaine de touches d’ailleurs on ne sait même pas, cette année j’ai appris qu’il y en avait 2 qui avaient été embauchés lors du 1er Carrefour mais on ne le sait pas parce qu’un projet d’embauche, de recrutement ça se fait à 1 mois, 2 mois, 3 mois, 6 mois donc je veux dire…on ne sait pas et si on ne garde pas le contact et si on n’interroge pas soit les entreprises soit les sportifs, on ne le sait jamais quoi ! Cette année il y a eu moins de monde mais le contact avec les entreprises a été de meilleur qualité parce qu’on avait continué à travailler sur les sportifs pour leur dire, et on avait tout une série de sportifs qui allaient chercher des stages, qui ont discuté. On a eu par exemple la Mairie de Paris qui a eu 80 entretiens donc il y a eu des trucs, plus de qualité moins de monde mais plus de qualité donc il y a eu notamment, forcément quand un Ministre vient, ça fait toujours plaisir mais ça fout le bazar, les sportifs sont beaucoup venus au début, je crois que…quand est-ce que vous étiez là ?

J’étais là sur les deux jours parce qu’après j’ai fait la journée des référents avec Stéphanie Authier.

Donc il y a eu du monde au début, le Ministre était là, après il y a eu un truc, après en fin d’après midi c’est un peu revenu…euh mais les contacts étaient meilleurs et je pense qu’à l’avenir il faudra qu’on fasse évoluer le concept mais je crois que l’idée est quand même assez bonne, elle est assez bonne pour que les gens…le sportif voit le monde de l’entreprise qu’il puisse discuter avec eux, qu’il découvre quel métier, il y avait Areva, il y avait Veolia, il y avait des gens comme ça, il y avait des tas…il y avait des groupes bancaires, des groupes d’assurances, évidemment il y avait des équipementiers, des trucs comme ça, je pense que l’idée est bonne, il faut certainement l’améliorer pour que…mais c’est une bonne idée » (Responsable de la formation à l’INSEP).

Un certain nombre de difficultés sont flagrantes La première est bien évidemment la préparation des sportifs en amont afin de les aider dans leurs démarches et questionnements. Ce problème rejoint le manque d’autonomie des athlètes que nous avons déjà eu l’occasion d’aborder mais également le manque de projet d’avenir en dehors du projet sportif. Le deuxième est le problème de suivi. Ces Carrefours sont en fait des journées portes ouvertes et fonctionnent comme tels. Organisés par l’INSEP et le Ministère, le suivi leur échappe et rien n’est mis en œuvre en aval pour vérifier la réalisation de stages ou l’embauche de SHN dans les entreprises. Il s’agit là d’un problème organisationnel majeur car il suffirait en fait de dresser une liste des SHN qui ont pris des contacts, d’identifier ces contacts et de garder le lien avec eux et les entreprises en question. Mais ce problème organisationnel ne peut être détaché du manque de moyens humains évoqués précédemment :

« L’ESSEC quand on leur demande par exemple, ils ont 3000 étudiants, vous êtes dans la cellule emploi il y a combien de stages et emplois, combien de personnes ils vous disent 25 alors nous c’était ½ poste…hein sur l’INSEP donc c’est pas possible, donc c’est les responsables de formation qui vont se débrouiller pour trouver l’entreprise pour l’apprentissage, pour le stage, pour l’emploi derrière et ce n’est pas le cœur du métier non plus pour le formateur ou du responsable de formation, qui a aussi à penser à 50 000 trucs…alors qu’il y ait dedans, qu’il soit à l’écoute de tout ça, c’est tout à fait normal mais si c’est son boulot de prospecter…euh c’est pas évident quoi ! Donc voilà…nous notre truc c’est…la faiblesse c’est ça et il faudrait mettre en route une cellule de l’emploi digne de ce nom quoi ! » (Manager du département de l’orientation et de la formation et de l’emploi à l’INSEP).

Le troisième problème est la participation des SHN eux-mêmes. Seule la fédération de Basket-ball a obligé ses athlètes à se déplacer aux Carrefours. La plupart des SHN sont libres de venir ou pas. Mais sont ils réellement informés par leur fédération ? Il est vraisemblable que non lorsque le projet fédéral ne favorise pas le double projet :

« Non moi je n’y suis pas allé. L’entraîneur m’a dit que cela servait à rien. Bon c’est vrai que moi je gagnais de l’argent à l’époque alors… » (Joueur TT 3).

Mais les SHN peuvent également ne pas être disponibles. Car, si les Carrefours sont annuels, tous les SHN ne sont pas logés ou entraînés à l’INSEP, d’autres sont en déplacement pour des stages ou des compétitions. Ces Carrefours devraient donc avoir lieu plusieurs fois par an pour attirer le plus grand nombre d’athlètes, bien que ses organisateurs trouvent leur mise en œuvre difficile :

« Bon je vois bien comment ça se passe disons que…moi qui suis l’organisateur je vois tous les défauts alors donc c’est un peu gênant quoi ! Hein je me dis putain on pourrait faire mieux on pourrait faire ceci etc. Mais globalement j’ai plutôt eu des retours des retours de qualité sur des gens qui ont trouvés des jobs, j’en connais au moins deux ou trois, des stages y en a eu plus d’une dizaine alors là que je connais… après il y a toute la dynamique autour du truc…bon le Carrefour de la Performance à mon avis c’est quelque chose qui devrait pouvoir s’installer mais comme tous les projets comme ça c’est beaucoup d’emmerdements ça me grille et ça me crame pour 15 jours, on est tout le temps attendu, enfin c’est hyper tendu quoi ! On ne sait pas si on aura les entreprises, si on aura les sportifs, si on aura les personnalités, si on aura les intervenants, c’est toujours à l’arrache, à la dernière minute, bon ça c’est usant… » (Responsable de la formation à l’INSEP).

Un impératif : réguler le système !

De tous les défauts organisationnels soulevés celui qui revient le plus souvent est le manque de coordination et de concertation entre les différents acteurs. Lorsque le responsable de la formation de l’INSEP pointe la difficulté à organiser les Carrefours de la Performance, il ne se plaint pas seulement de la lourdeur de l’organisation ou du manque de moyens en interne. De fait tout repose, hormis dans les fédérations fortement impliquées dans le double projet, comme l’Aviron ou l’Escrime avec lesquelles nous travaillons, sur les acteurs du Secrétariat d’Etat ou de l’INSEP. Si le suivi socioprofessionnel est bien la mission qui est dévolue à ces derniers, l’implication des fédérations dans la préparation des SHN aux Carrefours, dans le suivi de leurs démarches auprès des entreprises ainsi qu’un accompagnement pour faciliter leur insertion professionnelle, pourraient grandement améliorer l’efficience du système. De fait, ce qui se joue en matière de suivi des SHN est bien un système tel que défini par Crozier et Friedberg c'est-à-dire une organisation dans laquelle chaque acteur développe un « raisonnement stratégique »40, à l’extrême limite de sa marge de manœuvre, et non pas un « raisonnement systémique »41 en l’absence de régulation et de contrôle du système. Il y a donc dérégulation par absence d’objectifs communs et de contrôle. Cette dérégulation est le fait de l’Etat et de l’absence de définition politique claire et précise en matière de double projet. Ce constat est mené de l’intérieur même du Secrétariat d’Etat aux Sports :

« […] ce coup de frein qui a été porté sur le projet de loi pour la retraite des sportifs de haut niveau nous indique que même s’il y a des volontés affichées… hum ça reste au stade de volonté et derrière on n’a pas, on n’a pas les moyens de la réalisation de nos objectifs… euh maintenant on peut se demander si… si… au-delà des discours il y a finalement des réelles intentions politiques, des fois on pourrait se poser réellement la question » (Responsable suivi socioprofessionnel au Secrétariat d’Etat).

Cette absence de ligne politique est lisible à travers la mise en place de cadres référents chargés du suivi socioprofessionnel au sein de chaque fédération. Chacune est libre de son choix et de son organisation. L’Escrime a délégué un DTN adjoint, qui était auparavant chargé de cette même mission au sein du Ministère, l’Aviron également. C’est la même personne qui assure la continuité du dossier depuis 1994. Le Basket-ball a également confié ce travail au DTN adjoint tandis que le tennis de table a missionné un entraîneur national mais qui n’a pas en charge l’intégralité du dossier. En effet, devant l’inertie fédérale, et le manque d’investissement du cadre référent, cette personne a demandé en 2007 à la FFTT et au Ministère à être chargée de ce travail. Auparavant, elle intervenait, de son propre chef, pour aider les jeunes en difficulté lorsqu’ils abandonnaient le haut niveau. Aucun athlète ne connaissait Birocheau qui était, officiellement, le cadre référent jusqu’alors. Comme nous avions eu l’occasion de le souligner l’an passé42 les différences apparentes dans le choix des personnes en charge de ce dossier et la continuité des efforts des fédérations en la matière indiquent bien l’importance du double projet dans chacune d’elles. En l’absence de ligne politique précise et de contrôle chaque fédération continue à mener la politique qu’elle entend. Les PES censés apportés davantage de régulation, ou du moins de pertinence dans les politiques des directions techniques continuent à présenter des projets arrangés parfois même sans avoir été présentés ou votés au comité directeur des fédérations comme c’est le cas en tennis de table.

Comment s’étonner alors du manque d’investissement de certains cadres lorsque l’on sait, qui plus est, qu’aucune formation ne leur est dispensée. Que la plupart d’entre eux sont soit devenus cadres fédéraux par le biais du professorat adjoint d’EPS, sur places réservées aux SHN, soit par le biais du professorat de sport qui leur est réservé également après avoir reçu comme unique formation la préparation sommaire aux Brevets d’Etat et un passage par la préparation spécifique au professorat de sport de l’INSEP. A ce manque de formation peut se substituer une volonté et un engagement fort au service des athlètes :

« Oui peut être oui, peut être que c’est un problème de formation mais bon je pense que c’est plutôt un problème d’état d’esprit parce que si vous voulez rentrer là dedans, si vous avez la fibre et, si vous vous dites que votre sportif doit être… ici j’ai des anciens entraîneurs qui se sont mis au boulot, ils réussissent très bien, Marc [inaudible], Jérôme Dreyfus, des gens qui connaissent très bien le problème, Liliane Bonvin etc…. enfin des gens, Frédérique Paulet, ils ont été entraîneurs et ils sont capables de regarder le problème quoi ! Ils se sont mis dans le truc quoi ! Parce que le problème c’est toujours la même chose, ils sont pas formés mais si vous voulez faire vous vous formez, c’est une réalité, c’est pas… ce qui fait la différence entre deux individus c’est souvent le fait qu’il y en a un qui a envie, qui est motivé et celui qui a envie et qui est motivé, il a zéro problème, il y arrivera parce qu’il ira chercher les connaissances qu’il n’a pas et qu’il aura » (Responsable de la formation à l’INSEP).

Le suivi socioprofessionnel des SHN et l’efficience du système pourraient néanmoins être grandement améliorés si les cadres référents dépendaient directement, et recevaient leur lettre de mission, du Secrétariat d’Etat aux Sports. Où, encore, s’il s’agissait de cadres du Secrétariat d’Etat aux Sports détachés pour cette mission spécifique sur une fédération, voire plusieurs, dans le cadre des petites fédérations en nombre de SHN. Le système ne peut être opérationnel et efficace que s’il est piloté et que de réels moyens lui sont affectés. A défaut, les déclarations politiques empreintes de bonnes intentions perdureront et la préparation sportive continuera à se faire au détriment du double projet. Ainsi, se pose une question simple : à quoi sert le CNOSF ? Il semble préoccupé par la question de l’insertion professionnelle des SHN puisque dans la plaquette, « Le guide de l’athlète de haut niveau »43, qu’il a édité, le CNOSF insiste sur la nécessité de construire le double projet. En tant qu’organe, a priori, indépendant, en charge, entre autres, de l’organisation et de la direction de la délégation française aux Jeux Olympiques et aux compétitions patronnées par le CIO44, il pourrait intervenir en tant qu’interlocuteur privilégié de l’Etat. Comment expliquer son mutisme face à l’abandon du projet de retraite, aux problèmes de sécurité sociale ou encore aux obstacles rencontrés par les SHN pour développer un double projet ? Comment l’expliquer alors que dans le même temps le CNOSF a amplement soutenu auprès des responsables politiques le projet de reconnaissance du statut de dirigeants bénévoles ? Mutisme d’un côté, action de l’autre, comment ne pas penser aux propos de Bambuck, déjà cités en introduction, pour qui les SHN représentent « une classe ouvrière qui a exactement les mêmes problèmes qu’avait la classe ouvrière à la fin du 19ème siècle c'est-à-dire la précarité, la non reconnaissance des employeurs, le fait que l’on consomme, que l’on cueille, que l’on presse et après que l’on jette »45 rejoignant ainsi les affirmations des tenants de la sociologie critique faisant du sport un moyen d’aliénation de l’homme.

Les SHN au cœur du système

Mais comment parler de l’avenir des SHN, de leur insertion socioprofessionnelle sans prendre en compte les athlètes eux-mêmes. Un constat s’impose : leur trop grande passivité. Alors que la fédération d’Escrime est, pour le Secrétariat d’Etat aux Sports, une fédération « modèle », en matière de conduite du double projet, Srecki, DTN adjoint en charge de cette question, rappelle que la fédération ne doit pas se substituer à la motivation de l’athlète à s’engager dans le double projet. Dans tous les cas, l’athlète doit être le moteur essentiel du projet professionnel. Sans volonté, motivation ou intérêt des athlètes rien n’est possible. A l’inverse, la FFE joue un rôle d’accompagnant, d’informateur, voir d’incitateur. Dans tous les cas cet appoint se fait dès l’entrée en structure :

« Un rôle de soutien de la fédération mais c’est pas à la fédération de décréter un grand plan de reconversion si les athlètes ne sont pas intimement convaincu de la nécessité […] c’est toute la réflexion qui est commune à l’ensemble des pôles…c’est toute la logique des pôles ou…ou en plus du sport de haut niveau il y a un souci particulier apporté aux études […] on ne met pas en place un programme spécifique, on se contente et c’est déjà à mon avis…euh…suffisant pour peut être couvrir 90% à 95% des…des besoins, on se contente d’être des relais efficaces des dispositifs ministériels, Insep ou autres. Cela a toujours été…euh…une…priorité des athlètes eux-mêmes […] la spécificité de l’Escrime en tous cas c’est d’avoir peut être cette prise de conscience…personnelle ».

Le constat est identique à la fédération d’Aviron. Si la volonté est politique l’acteur principal doit être l’athlète lui-même. Reste les aspects culturels. Le problème est celui de la progressive acculturation monosportive dans un milieu qui se révèle trop souvent annihilant et anesthésiant. S’investir dans le double projet revient en effet, dans les fédérations qui valorisent le mono projet, à donner des signes de désinvestissement et signe la marginalisation de l’athlète.46

Les acteurs de la formation de l’INSEP ne peuvent que constater les freins inhérents aux sportifs eux-mêmes. Le premier est la différence de milieu socioculturel :

« C’est le premier point après si vous allez voir en fonction de la culture dans le sport, si vous allez voir un rameur jamais il vous dira qu’il arrête tout pour faire de la rame, le canoë kayak non plus… euh il y a pleins de sports comme ça, l’escrime ils ne vont pas vous dire, « moi je vais pas… je suis forcément des études en même temps et je fais forcément un travail en même temps que mon sport, c’est incontournable ». […] Après il y a d’autres sports où les gens vont dire…euh j’ai cité ceux là parce que évidemment ils vont tous devenir ingénieurs, en général ce sont des tronches là plupart du temps, globalement ça tire un peu vers le haut… après il y a des sports comme je vous disais tout à l’heure la boxe, la lutte, le judo… des sports de combat… euh le niveau… le niveau… le niveau de scolarité, de formation est moins important globalement et, à partir de ce moment là, il faut qu’ils trouvent d’autres projets professionnels qui correspondent le mieux à… » (Responsable de la formation de l’INSEP).

Cette différence implique donc de concevoir des projets individualisés qui satisfassent tout à la fois les désirs mais également les possibilités de chacun. Là encore il serait intéressant d’observer si, dans le cas de milieux sociaux moins favorisés, le sport de haut niveau a joué ou non un rôle d’ascenseur social.

Le deuxième est le manque d’implication et d’autonomie des SHN. Trop entourés certains sont immatures :

« Il y en a qu’on est obligé de traîner, de porter parce qu’ils ne savent même pas faire une déclaration de sécu, prendre un billet d’avion etc. etc. Ils sont complètement, ils ne sont même plus… ils sont supplantés par le système. Donc il y a le mec qui se démerde et qui fait tout et puis il y a le mec qui est complètement supplanté par le système parce qu’on lui a pris sa chambre, il sait qu’il va aller s’entraîner là, on va aller manger là, il sait que quand il va prendre l’avion, il y a le taxi qui va le prendre devant mais, si un jour il doit téléphoner au taxi, il aura du mal, si un jour il doit prendre un billet d’avion il ne sait pas comment ça se passe etc. Donc moi j’aimerais bien qu’à terme on travaille sur l’autonomie du sportif, il faut qu’ils apprennent à se gérer parce que… en plus ça sera un plus en compétition quoi ! » (Responsable de la formation de l’INSEP).

La différence est flagrante à ce niveau entre hommes et femmes d’un côté et sportifs qui peuvent vivre de leur sport et les autres. Bien évidemment les femmes cumulent tous les handicaps. Moins aidées au niveau des aides personnalisées que leurs homologues masculins, gagnant moins d’argent dans leur sport qu’eux également lorsqu’elles ont la chance d’évoluer dans un sport qui rétribue les SHN, elles s’engagent davantage dans le double projet :

« Les filles sont plus inquiètes que les garçons parce que… parce que… parce qu’ y a pas… il y a pas la même somme d’argent qu’elles soient rémunérées, salariées peut être d’un club ou simplement dans les primes qu’elles peuvent avoir, c’est pas tout à fait les mêmes sommes et puis… euh donc… et puis il y a certaines inquiétudes pour les filles par rapport à la maternité qui peut arriver aussi donc en fait les stratégies… sont différentes elles sont plus impliquées dans le projet de formation… dans le double projet… euh on voit les différences par rapport à ça… après c’est plus délicat quand elles sont vraiment… quand certaines sont en projet olympique je dirais…euh je dirais qu’on ne voit pas de différences » (Manager du département de l’orientation et de la formation et de l’emploi à l’INSEP).

L’argent agit, en effet, comme un annihilateur du projet professionnel des garçons :

« Euh je veux dire c’est un peu comme Pascal Gentil47, c’est des mecs qui ne font jamais d’études sérieuses parce qu’ils gagneront 4 fois ce qu’on gagne quoi ! Donc autant qu’ils fassent à fond leur sport, que peut être ils fassent de l’informatique ou de l’anglais, des trucs qui vont leur servir de bagage et puis une fois qu’ils arriveront à la fin de leur carrière, ils se remettent dans leurs études… » (Responsable de la formation INSEP).

Le troisième problème tient, chez les SHN, dans leur « inconscience » de leurs réelles compétences. Cette question rejoint celle de l’autonomie et du système sportif qui les survalorise et les surprotège. Ils peuvent parfois gagner beaucoup d’argent, même si les sommes sont très loin de correspondre à celles empochées par les footballeurs, golfeurs ou autres tennismen. Quel que soit le sportif ils sont adulés par leurs fans. Bref les SHN manquent très souvent de repères. D’un côté ils se survalorisent et font preuve tout à la fois « d’égocentration »48 s’estimant très souvent au centre d’événements exceptionnels, et de « bénefficience », en mettant en avant davantage leurs réussites que leurs échecs, d’un autre, ils ne sont pas conscients des compétences acquises à travers l’exercice du sport de haut niveau et qui peuvent être transférables ou utiles dans/à l’entreprise.

« X a du vous dire qu’elle a travaillé sur ce dossier là quand elle est venu à l’Insep donc elle, elle a été un peu précurseur de ça, de ce truc là et maintenant elle est partie au ministère et on continue à travailler ensemble et on a même fait un truc, on a réalisé une étude qui est disponible d’ailleurs sur les compétences49 que développent des…je parlais des compétences que développent les sportifs de haut niveau dans le contexte du sport de haut niveau, transférables en termes de capacités ou d’aptitudes, je mesure bien mes mots dans le milieu de l’entreprise. […]. Il faut pas rêver…euh un très bon sportif n’est pas forcément un très bon salarié, il faut pas le croire, en revanche je suis sûr qu’il a développé dans le monde du sport des…un certain nombre d’aptitude, peut être la rigueur dans le travail, l’organisation, au goût de l’effort, au travail…partage…un peu d’équipier, toutes ces choses là font que… à mon avis, il a déjà développé des caractéristiques qu’on trouve dans le monde du travail ». (Responsable de la formation INSEP).

Ce travail de référencement est destiné d’abord à faire prendre conscience aux SHN des compétences acquises dans l’exercice du sport de haut niveau et de savoir les valoriser pour les transférer en entreprise ou tout simplement mieux savoir se vendre aux entreprises. Parallèlement à cette finalité première, le document réalisé50 permet aussi aux personnels du département formation de discuter des qualités et profils des SHN avec les entreprises susceptibles de les recruter ou de les intégrer en stages ou dans le cadre de CIP.

Si les sportifs doivent bien être au cœur du projet et si le système doit s’investir à leur service pour tenter de les accompagner vers une amélioration de leurs performances en leur permettant de réussir leur double projet, force est de reprendre à notre avantage les propos de Srecki rien ne peut se faire si les athlètes ne sont pas intimement convaincu de la nécessité de mener à bien le double projet. Cette prise de conscience et cette projection dans un au-delà qui marque, de fait, la finitude de leurs ambitions sportives n’est cependant pas un allant de soi. Les athlètes qui rentrent à l’INSEP sont jeunes, souvent mineurs, et de fait culturellement influençables. Si les fédérations ne peuvent pas les obliger à, du moins peuvent elles influer sur, la construction du double projet.

Conclusion

Si le double projet semble être une priorité maintes fois réaffirmée il est évident que sa mise en œuvre reste problématique voire aléatoire du moins soumis à la bonne volonté des acteurs fédéraux, entre autres. La transformation des discours en actes reste à faire et il revient au Secrétariat d’Etat de mettre en œuvre une réelle stratégie de développement du double projet afin de passer des effets d’annonces aux actions concrètes. Pour cela le double projet doit devenir un des éléments clefs des PES. Comment en effet affirmer que le double projet soit une priorité et que sa mise en œuvre ne soit pas une obligation inscrite dans les PES et dont les effets seront contrôlés en tant que tels ? Ce qui veut dire que le Secrétariat d’Etat doit recourir à des indicateurs de réalisation et de performance pour contrôler les actions et la réussite des objectifs annoncés en matière de formation et de double projet. Les fédérations doivent en corollaire avoir l’obligation de tout mettre en œuvre pour favoriser le double projet. Aucun athlète ne devrait se retrouver sans formation ou sans emploi. Certes, il faut individualiser les parcours en fonction des sportifs, de leurs carrières et des sports. Tous les sports ne pourront développer un « modèle type conciliation » encore que l’exemple de l’Aviron vienne contredire les tenants d’un jusqu’au-boutisme de l’entraînement quantitatif. Il s’agit bien de mettre le SHN au cœur du projet avec la réussite de cet athlète comme unique finalité. Le Secrétariat d’Etat devrait soit, détacher des cadres référents compétents en matière d’aide et d’accompagnement aux SHN soit, mettre en œuvre des formations pour les cadres en place. L’objectif est bien évidemment de faciliter l’information et l’accompagnement des sportifs. Mais pas seulement. Il s’agit aussi de réguler les actions et de faire en sorte que tous travaillent et concourent pour le même but avec les mêmes « méthodes ». Le double projet devrait concerner tous les sportifs dès lors qu’ils entrent dans des filières d’accès au haut niveau. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et l’absence de renseignements concernant les entrants/sortants des filières est un élément fondamental et révélateur de l’absence de politique d’accompagnement de l’ensemble des SHN.

Constater les défauts du système revient à pointer ce qui manque aujourd’hui : la réelle mise en œuvre d’une politique d’aide et d’accompagnement au double projet. Mais la volonté politique existe-t-elle réellement ? Le monde sportif lui-même n’a-t-il pas intérêt à avoir des athlètes totalement investis dans le mono projet sportif ? A avoir des athlètes corvéables et malléables à merci ?



1 http://www.sport.fr/autres/mul/Villepin-se-penche-sur-la-reconversion-des-athletes-71250.shtm
2 En raison du changement de nom de ce ministère et, en fonction de la période de référence, il sera utilisé tantôt le nom de Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative (MSJSVA) et tantôt celui de Ministère de la Santé et des Sports (MSS) terme adéquate depuis la réduction des missions du ministère en janvier 2009.
3 http://www.jeunesse-sports.gouv.fr/accueil_5/Ministre_201/discours_220/intervention-mme-roselyne-bachelot-narquin-devant-comite-nationale-olympique-sportif-francais_1602.html.
4 http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/Nice-2.pdf
5 http://ec.europa.eu/sport/white-paper/doc/wp_on_sport_fr.pdf
6 http://www.sante-sports.gouv.fr/IMG//pdf/UE08PFUE_declaration_final_FR_281108.pdf7 Linton, R. (1936). De l’homme. Paris, éditions de Minuit, édition 1968.
8 Suaud, C. (1978). La vocation. Conversion et reconversion des prêtres ruraux. Paris, Les éditions de Minuit, coll. Le sens commun. p.14.
9 Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports de 1988 à 1991 dans le gouvernement de Michel Rocard.
10 Bambuck, R. (2004). Des réponses et des solutions à réinventer in Le crépuscule des dieux : des symptômes au diagnostic. Pessac, éditions de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 135-141. p.140.
11 Negroni, C. (2005). La reconversion professionnelle volontaire : une expérience de conversion de soi. Carriérologie, 10-2, 331-348.
12 Guiot, P., Ohl, F. (2008). La reconversion des sportifs : une épreuve de la petitesse ?. Loisir et société, 30-2, 385-416.
13 Crozier, M., Friedberg, E. (1977). L’acteur et le système. Paris, Seuil, coll. Points essais.
14 Crozier, Friedberg, op. cit. p. 456.
15 Crozier et Friedberg, op. cit. 69-70.
16 Pineau, G., Legrand, J-L. (1993). Les histoires de vie. Paris, PUF, p. 112.
17 Reprenant en cela trois des cinq « angles de vue » proposés par Perret, (op. cit. pp. 18-19). L’efficience et l’impact systémique ne pouvant pas être traité en l’absence d’informations financières et statistiques du Secrétariat d’Etat aux Sports.
18 Morin, E. (1984). Sociologie. Paris, Fayard, coll. Points-essais, édition 1994, p. 219.
19 Bardin, L. (1977). L’analyse de contenu. Paris, PUF, 7° édition 1993, p. 33.
20 Bardin (op. cit. p. 137).
21 Demazière, D., Dubar, C. (1997). Analyser les entretiens biographiques. Paris, Nathan, p. 36.
22 Barthes, R. (1966). « Introduction à l’analyse structurale du récit ». Communications, 8, 1-27 et, Barthes, R. (1981). L’analyse structurale du récit. Paris, Seuil.
23 Bertaux, D. (1997). Les récits de vie. Paris, Nathan, p. 7.
24 Bouchetal Pellegri, F., Leseur, V., Debois, N. (2006). Carrière sportive. Projet de vie. Paris, éditions Insep, coll. Entraînement, p. 51.
25 Brohm, J-M. (1993). Les meutes sportives. Critique de la domination. Paris, L’harmattan.
26 Béon, P. (2009). Nu dans mes bottes. La Flèche, Editions Prolongations.
27 6958 sportifs étaient inscrits sur les listes Haut Niveau en 2007 dont 732 « Elite », 2630 « Senior » ? 164 « Reconversion » et 3 432 « Jeune ».
28 Source : MSS. (2009). Bilan des CIP 2008. Document Interne. Power Point.
29 Au titre de la session 2007 12 postes étaient disponibles au titre du concours réservé aux SHN pour 24 candidats inscrits, sur sélection/négociation par leurs fédérations à la classe préparatoire de l’INSEP. Rapport du concours de Professeur de Sport : http://www.sante-sports.gouv.fr/IMG//pdf/RAPPORTPS2007.pdf.
30 Desbordes, M. (Coord.). (2001). Stratégie des entreprises dans le sport. Acteurs et management. Paris, Editions Economica.
31 La dénomination utilisée est celle du MSS.
32 Bilan des JO 2008. (2008). Document interne au MSS. Tableau Excel du suivi socioprofessionnel des sélectionnés, finalistes et médaillés des JO 2008. Fourni par Mme Authier Responsable du suivi socioprofessionnel au MSS.
33 MSS. (2009). op. cit.
34 Bonnewitz, P., Fleury, J. (2004). Stratification sociale et mobilité. Paris, Bréal, coll. Thèmes et débats.
35 MSS. (2008). Module « suivi sportif ». Document Powerpoint présenté lors de la réunion des correspondants régionaux, fédéraux et en établissement en charge du suivi socioprofessionnel à l’INSEP le vendredi 21 novembre 2008.
36 Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques.
37 http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref;_id=NATnon03236.
38 Centre d’Etudes et de Recherches sur les Qualifications.
39 http://www.cereq.fr/basesdedonnees.htm.
40 Crozier et Friedberg, op. cit. pp. 230-232.
41 Crozier et Friedberg, op. cit. pp. 232-236.
42 Javerlhiac, S. (2008). Approche comparative de la conversion des sportifs de haut niveau en escrime et tennis de table. Entre stigmatisation et valorisation du projet monosportif. Mémoire de recherche de Master 2ème année de sociologie, Mention « Sociologie Mutations Sociales Contemporaines » présenté et soutenu à l’Université Européenne de Bretagne (Rennes 2) en juin 2008.
43 CNOSF (2007). Le guide de l’athlète de haut niveau. Paris, éditions du CNOSF, CDRom disponible également sur le site http://www.franceolympique.com/
44 Pour les autres missions et objectifs du CNOSF : http://www.franceolympique.com/index.phtml.
45 Bambuck, op. cit. p.140.
46 Javerlhiac, S. (2007). Les freins à la (re)conversion des athlètes de haut niveau en France étude de cas de jeunes pongistes des équipes de France en rupture sportive. Esporte e socidedad. 3-7, pp. 1-52, p. 11 et passim.
47 Pascal Gentil champion de taekwondo.
48 Reprenant en cela la terminologie de Greenwald, A. G. (1992). L’égo totalitaire, ou comment chacun fabrique et révise sa propre histoire in Le soi, recherches dans le champ de la cognition sociale. Lausanne, Delachaux et Niestlé.
49 Référence de compétences des sportifs de haut niveau fait par le DOFE, INSEP 2008
50 INSEP. (2008). Référentiel de compétences des sportifs de haut niveau. Paris, INSEP. Document du Département de l’Orientation et de la Formation et de l’accès à l’Emploi.



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