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3 - La violence à l'école : ça vaut le coup d'agir ensemble !
by Richard Leblanc, ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec


Theme : International Journal on Violence and School, n°7, December 2008

Ce texte reprend l’allocution de Richard Leblanc, coordonnateur des services complémentaires au ministère de l’Éducation du Quebec, prononçée lors de la quatrième conférence mondiale, Violence à l’école, violence en contexte, le 23 juin 2008.

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INTRODUCTION
Je me nomme Richard Leblanc. Je suis coordonnateur des services complémentaires au ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec. L’unité que je dirige couvre le secteur de la formation générale des jeunes (environ de 4 à 17 ans) et s’occupe des différents services qui leur sont offerts en plus de l’enseignement, par exemple des services de psychologie, d’orientation, d’orthophonie et d’animation culturelle ou sportive. Ce sont les commissions scolaires qui doivent organiser ces services, mais c’est notre ministère qui en donne les orientations et leur apporte du soutien, notamment sur le plan financier. Je suis accompagné de madame Danielle Marquis, professionnelle responsable du dossier de la violence à l’école dans la même unité. C’est elle qui a assuré, avec la collaboration de spécialistes de la théorie et de la pratique, l’élaboration du plan d’action que nous vous présentons aujourd’hui.
C’est un grand privilège et un honneur d’être avec vous à cette 4e conférence mondiale sur la violence à l’école afin de faire connaître le plan d’action québécois pour prévenir et traiter la violence à l’école. Nous ne sommes pas à ici en tant qu’experts de ce phénomène, mais en tant que représentants d’une communauté scolaire qui se donne des moyens additionnels pour faire de l’école un milieu sain et sécuritaire et assurer à ceux qui la fréquentent, jeunes comme adultes, un lieu propice à l’apprentissage. C’est donc avec joie et fierté que nous vous présentons cette initiative du gouvernement du Québec rendue publique par notre ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, madame Michelle Courchesne, le 21 avril 2008. Cette joie et cette fierté sont d’autant plus grandes que notre plan d’action a été reçu, dans l’ensemble, avec beaucoup de satisfaction et d’intérêt par la population en général et la communauté scolaire, en particulier.
Permettez-moi d’abord de mettre cette présentation en contexte par quelques généralités sur la réalité scolaire québécoise et sur notre plan d’action. Ma collègue vous donnera ensuite les détails de ce plan.

Il faut hélas le reconnaître, la violence est présente dans notre société. L’école, en tant que reflet de cette société, n’y échappe pas! La violence préoccupe et interpelle tous les acteurs scolaires, leurs différents partenaires et les parents. Et cette préoccupation transcende les frontières, comme l’illustre le congrès auquel nous participons en ce moment.
Quelle que soit la forme qu’elle revêt, la violence en milieu scolaire influe négativement sur le développement des jeunes, sur leur réussite scolaire et sur la qualité de vie à l’école. En effet, même si le Québec ne possède pas encore de données bien documentées à ce sujet, les observations des chercheurs et les témoignages des gens sur le terrain tendent à confirmer que la violence à l’école crée un climat malsain, de la méfiance, une baisse du sentiment d’appartenance, de la mésestime de soi, de l’anxiété, de l’isolement, sans compter l’absentéisme, les échecs scolaires, le décrochage, etc. On comprendra donc aisément que le milieu scolaire et les parents souhaitent qu’on se mobilise davantage sur cette question.
En 2005, dans son rapport annuel, le Vérificateur général du Québec reconnaissait les efforts réalisés par notre ministère et les commissions scolaires pour soutenir les écoles relativement à cette question. Mentionnons que le Vérificateur général est une institution qui relève de l'Assemblée nationale du Québec et qui doit surveiller la gestion des fonds et autres biens publics par le gouvernement, ses organismes et ses entreprises. Même si le Vérificateur constatait que les cas de violence grave ne sont pas les plus nombreux, il recommandait d’obtenir des données qui permettraient de déterminer l’ampleur des problèmes de violence à l’école et de s’assurer que les actions posées permettent de la prévenir.
Notre plan d’action est une réponse aux attentes du milieu scolaire autant qu’aux recommandations de notre Vérificateur général.

SYSTÈME SCOLAIRE QUÉBÉCOIS
Pour une meilleure compréhension des mesures contenues dans notre plan d’action, il est important d’expliquer certaines particularités du système scolaire québécois et de situer le rôle de notre ministère dans ses responsabilités à l’égard du réseau scolaire.
Près de 7,5 millions de personnes vivent au Québec sur un territoire d’environ 1,7 million de kilomètres carrés, soit trois fois la France et plus de dix-huit fois le Portugal. Il y a 1 300 000 personnes qui fréquentent un établissement d’éducation, du préscolaire à l’université. Notre plan d’action s’applique uniquement à l’éducation préscolaire, au primaire et au secondaire, des ordres d’enseignement où l’on trouve quelque 900 000 élèves.
Au Canada, l’éducation est un champ de compétence provinciale. C'est le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport qui, au Québec, est l'instance gouvernementale chargée de favoriser l'accès à l'éducation sous toutes ses formes, d’harmoniser les orientations et les activités des milieux de l'éducation avec l'ensemble des politiques gouvernementales et en fonction des besoins économiques, sociaux et culturels de la société québécoise.
Pendant plusieurs années, à la suite de la création de notre ministère, au milieu des années soixante, les efforts collectifs ont été consacrés à l’accès du plus grand nombre à l’éducation. Maintenant que la grande majorité des Québécois fréquentent l’école — l’obligation de fréquentation scolaire va de 6 ans à 16 ans — l’accent est dorénavant mis sur la réussite du plus grand nombre, un objectif que nous poursuivons de manière plus marquée grâce à une réforme scolaire entreprise il y a maintenant dix ans. L’éducation représente le deuxième poste budgétaire en importance après celui de la santé.
Le système d’éducation au Québec repose sur un partage de responsabilités entre le gouvernement, les universités, les collèges, les commissions scolaires et les écoles.
Le Ministère élabore les grands encadrements, par exemple les lois, les règlements, certaines politiques et, jusqu’à la fin du secondaire, les programmes d’études. Il définit les orientations touchant l’adaptation scolaire pour les élèves qui présentent des difficultés ou des handicaps et les orientations des services complémentaires comme ceux que j’ai cités précédemment.
Le Ministère assure aussi une présence en région pour se rapprocher de ceux et celles qui sont au cœur de l’action éducative. C’est ainsi que onze directions régionales soutiennent les organismes scolaires dans la mise en œuvre stratégique et harmonieuse des orientations, des politiques et des programmes du Ministère. Elles offrent également certains services aux citoyens et exercent un rôle important d’information et de rétro-information quant à l’administration de l’éducation et à l’organisation des services aux élèves.
Dans le système scolaire québécois, l’enseignement est gratuit au primaire, au secondaire et au collégial, alors qu’à l’université des droits de scolarité sont exigés des étudiants pour compléter les subventions de l’État.
L’éducation préscolaire, qui s’adresse aux enfants de 4 et 5 ans, est facultative. L’enseignement primaire commence à l’âge de 6 ans et s’étend sur six années alors que l’enseignement secondaire commence généralement à l’âge de 12 ans, pour une durée de cinq ans. Après ces étapes, les élèves peuvent accéder à des études collégiales et éventuellement universitaires. Les élèves qui ne désirent pas poursuivre des études post-secondaires ou qui n’ont pas la possibilité de le faire peuvent, de différentes manières, faire l’apprentissage d’un métier spécialisé ou semi-spécialisé, après deux années d’études secondaires.
Entre les écoles et le Ministère, il existe des instances intermédiaires qu’on appelle les commissions scolaires. Il y en a 72 dont 60 francophones, 9 anglophones et 3 ayant un statut particulier pour autochtones. Les commissions scolaires sont administrées par des commissaires élus au suffrage universel. Elles établissent les écoles et embauchent le personnel scolaire en fonction des besoins de leur milieu, selon les normes et conventions de travail en vigueur. Elles sont chargées d’organiser et d’offrir les services éducatifs d’enseignement et les services complémentaires que la Loi prescrit pour l’éducation préscolaire et l’enseignement primaire et secondaire. Il s’agit donc d’un palier administratif ayant des responsabilités et une autonomie très importantes.
En ce qui concerne les écoles publiques, il en existe 2 350 qui donnent l’éducation préscolaire et l’enseignement primaire ou secondaire. Elles ont le mandat d’offrir des services éducatifs de qualité favorisant le développement intégral des élèves et leur insertion sociale et professionnelle dans la société. La loi sur l’instruction publique leur donne la mission d’instruire, de socialiser et de qualifier l’élève.
La réussite de l’élève constitue la pierre angulaire de l’action gouvernementale en éducation. Tous les acteurs de l’éducation, les parents et la communauté sont appelés à se réunir autour de cet objectif commun et rassembleur. Le gouvernement du Québec, en modifiant la Loi sur l’instruction publique vers la fin des années quatre-vingt-dix, a facilité le travail de concertation et l’implication de tous ces acteurs, notamment par la création d’un conseil d’établissement rattaché à l’école et auquel siègent un nombre égal de parents et de membres du personnel scolaire. Au secondaire, on y trouve également des élèves. Cette instance, qui possède des pouvoirs précis quant à l’orientation et à l’organisation de l’école, est un partenaire privilégié de la direction de l’école, laquelle dispose de pouvoirs considérables en matière de choix pédagogiques et budgétaires.
Notre plan d’action pour prévenir et traiter la violence à l’école s’inscrit dans ces grands encadrements du système scolaire québécois.

PLAN D’ACTION POUR PREVENIR ET TRAITER LA VIOLENCE A L’ECOLE 2008-2011
Le plan d’action québécois pour prévenir et traiter la violence s’intitule La violence à l’école : ça vaut le coup d’agir ensemble! Il témoigne de la volonté de notre ministère de mobiliser le réseau scolaire dans la lutte à la violence et de poursuivre ses efforts pour accompagner le réseau scolaire dans ses actions à ce sujet. Nous disons poursuivre ses efforts, car ce plan s’ajoute à d’autres actions variées et nombreuses en matière de prévention de la violence que le Ministère a lui-même entreprises au cours des années ou auxquelles il collabore. Par exemple :
● l’embauche de ressources de soutien et d’expertise, dans les onze régions administratives de l’éducation, pour soutenir les commissions scolaires dans l’accompagnement des élèves qui présentent des troubles du comportement;
● la mise en place de la stratégie d’intervention Agir autrement (SIAA) pour améliorer la réussite scolaire des élèves des écoles primaires et secondaires situées dans les milieux les plus défavorisés;
● la publication, par le ministère de la Sécurité publique, d’un plan d’intervention sur les gangs de rue, qui couvre la période de 2007 à 2010. Ce plan démontre la volonté du gouvernement de coordonner de manière cohérente les efforts de plusieurs ministères dans la lutte contre la criminalité organisée, par des actions qui portent autant sur la prévention que sur la répression.
● la participation à de nombreux comités nationaux qui ont tous pour objet de favoriser la concertation et la collaboration ou encore de suivre la mise en œuvre de plans d’action gouvernementaux et qui réunissent généralement la plupart des intervenants et des organismes concernés. Mentionnons, notamment la Table provinciale de concertation sur la violence, les jeunes et le milieu scolaire qui est à l’origine d’un cadre de référence sur la présence policière dans les établissements d’enseignement;
● le déploiement de l’approche École en santé, qui s’inscrit dans l’axe de promotion et prévention d’une entente de complémentarité des services que notre Ministère a conclue en 2003 avec le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Cette approche convie l’école, ses partenaires et la famille, à agir de façon globale et concertée pour favoriser la santé, le bien-être et la réussite éducative des jeunes, en inscrivant dans le projet éducatif et le plan de réussite de l’école des priorités d’action liées à des situations préoccupantes, notamment en matière d’habitudes de vie et de problématiques psychosociales comme la violence.

De leur côté, les commissions scolaires et les écoles mènent également plusieurs actions selon différents niveaux d’intervention. Mentionnons, notamment :
● la mise en place de plans d’action locaux en prévention de la violence;
● la création de partenariats, lorsque requis, avec les autorités policières, principalement au secondaire;
● la mise en œuvre de l’approche École en santé, dont je viens de parler;
● l’élaboration d’outils, de programmes et de protocoles d’intervention portant sur les différentes manifestations de la violence à l’école;
● l’embauche de ressources professionnelles spécialisées en soutien aux intervenants et aux élèves. À titre d’exemple, dans l’ensemble des commissions scolaires du Québec, on trouve près de 550 pyschoéducateurs, plus de 750 psychologues et un peu plus 4 150 techniciens en éducation spécialisée, sans compter tous les autres professionnels qui accompagnent les jeunes sur le plan de leurs apprentissages, de leur cheminement vocationnel et de l’animation de la vie scolaire.

Au Québec, les mesures ayant trait à la sécurité des élèves, à la prévention et au traitement de la violence sont sous la responsabilité des commissions scolaires et des écoles qui déterminent les actions appropriées, selon la réalité et les besoins de leurs milieux. Elles réclament cependant d’être épaulées davantage. Notre plan d’action, qui s’inscrit dans la continuité et dans le respect des actions qu’elles accomplissent déjà et de leurs niveaux de responsabilité, vient donc répondre à un réel besoin, chez elles, d’être outillées et soutenues.
Les milieux scolaires font face à différentes manifestations de la violence tels l’intimidation, le taxage, la discrimination, l’homophobie, le racisme, la violence physique, la criminalité dans les gangs de rue, etc., qui s’expriment dans divers lieux comme la classe, la cour d’école, les autobus scolaires ou encore dans les jeux vidéo, entre pairs et dans l’Internet (cyberintimidation). Les intervenants se sentent parfois démunis et seuls devant la tâche à accomplir. C’est pourquoi la lutte à la violence appelle une mobilisation de tous les acteurs. Pour ce faire, l’école dispose de deux outils qui favorisent le développement d’une dynamique d’intervention globale, intégrée et concertée, soit son projet éducatif et son plan de réussite. J’y ai fait allusion il y a quelques instants.
Le projet éducatif est élaboré, réalisé et évalué tous les trois ans avec la participation des élèves, des parents, de la direction de l’école, de personnel enseignant et des autres membres du personnel de l’école. Il contient les orientations propres à l’école et les objectifs pour améliorer la réussite de tous les élèves. Quant au plan de réussite, qui est révisé annuellement, il comprend les priorités et les moyens retenus pour mettre en œuvre les orientations du projet éducatif.
Les moyens retenus pour prévenir et traiter la violence peuvent ensuite trouver leurs points d’ancrage dans différents lieux, par exemple les diverses activités des services éducatifs complémentaires, les règles de vie ou les politiques de l’école, ou encore les activités d’apprentissage conçues par les enseignants des différentes disciplines, étant donné qu’on leur demande d’arrimer leur enseignement avec les grandes réalités de la vie d’aujourd’hui.
Notre plan d’action devrait aider les milieux scolaires à intervenir de manière plus efficace sur les différentes manifestations de la violence et particulièrement à structurer leurs actions dans une démarche enracinée dans le plan de réussite de l’école. Il cherche à mettre en rapport les connaissances en matière de prévention et de traitement de la violence, les différentes stratégies d’intervention et la pratique dans les milieux, en vue de favoriser plus de cohérence dans la compréhension du phénomène et dans les interventions.
Ce maillage entre la connaissance et la pratique nous a conduit à retenir une définition de la violence pour guider l’ensemble de nos actions dans la mise en œuvre du plan. Avant de céder la parole à Madame Marquis qui vous présentera le plan d’action lui-même, permettez-moi de vous en faire part:
« Toute manifestation de force, de forme verbale, écrite, physique, psychologique ou sexuelle, exercée envers toute personne, par un individu, un groupe ou une collectivité, dont l’intention est de menacer, d’intimider, de harceler, de blesser, de contraindre ou de détruire directement ou indirectement, et ayant pour effet, de compromettre l’intégrité ou le bien-être psychologique ou physique, les droits ou les biens d’autrui. »
Le plan d’action s’articule autour de quatre grands axes d’intervention qui vous seront maintenant présentés par madame Marquis.
Les quatre axes du plan d’action pour prévenir et traiter la violence sont les suivants :
● prévention et traitement ;
● concertation et formation;
● recherche et documentation;
● suivi et évaluation.

À chacun des axes correspondent des mesures (une vingtaine au total) dont l’objectif est de favoriser l’instauration d’un climat sain et sécuritaire pour tous les élèves et les acteurs du milieu scolaire. Ces mesures sont déployées à travers 23 actions différentes. Elles visent tout autant les agresseurs et les victimes que les témoins, et plusieurs d’entre elles permettront aux parents d’obtenir du soutien et de s’impliquer. De plus, elles prennent en compte non seulement la violence des élèves entre eux, mais également la violence dirigée contre les adultes par les élèves et vice-versa.
D’autres problématiques particulières sont également prises en considération comme par exemple la violence dans les relations amoureuses des jeunes, les dynamiques propres aux garçons et aux filles ainsi que les situations des milieux autochtones et des communautés culturelles.
Pour mettre en œuvre son plan d’action, notre ministère ajoute à ces investissements actuels une somme additionnelle de près de 17 millions de dollars répartis sur une période de trois ans, c’est-à-dire de l’année scolaire 2008-2009 à l’année 2010-2011. Par la suite, les milieux pourront compter sur une somme récurrente de 4,4 millions de dollars.
Dans la mise en place des différentes mesures du plan d’action, plusieurs composantes incontournables en matière de prévention et de traitement de la violence à l’école seront prises en compte, notamment les caractéristiques personnelles du jeune, de son développement (facteurs internes d’ordre physique, biologique, cognitif et psychologique) et celles de son environnement (facteurs externes liés au milieu familial, scolaire, socio-économique et culturel, etc.). Il est essentiel de considérer ces éléments dans la compréhension du phénomène et dans la mise en place des stratégies d’intervention.
AXE 1 : PREVENTION ET TRAITEMENT
Bien que chacun des axes revête son importance, celui de la prévention et du traitement constitue la pièce maîtresse du plan d’action. Il décrit la manière dont le Ministère entend accompagner et soutenir les commissions scolaires et les écoles dans leur responsabilité de prévenir et de traiter la violence à l’école. Il offre l’occasion aux milieux scolaires de consolider et de bonifier les actions qu’ils ont déjà entreprises. Voici une brève description des mesures et des actions qui sont proposées dans cet axe.
S’assurer que chaque école connaît sa situation relativement au phénomène de la violence et prévoit des moyens pour évaluer ses actions à ce sujet
Le Ministère mettra à la disposition des écoles des outils leur permettant de connaître leur situation au regard de la violence et d’évaluer les actions qu’elles accomplissent pour la prévenir et la traiter. Chaque école analysera la situation de son milieu de façon à permettre au personnel de partager une compréhension commune du climat scolaire et de ses pratiques. Que l’on parle des effectifs, du système d’encadrement, du code de vie ou encore du plan de surveillance, chacun des aspects qui structurent les interventions en matière de prévention au quotidien sera exploré.
Ces outils permettront de connaître la situation de la violence selon certaines caractéristiques tels le sexe, l’âge, milieu rural ou urbain, etc.
Fournir au réseau scolaire, sur une base régionale, un accompagnement susceptible de soutenir ses actions pour prévenir et traiter la violence à l’école et proposer une démarche rigoureuse, structurée et cohérente, depuis le préscolaire jusqu’à la fin du secondaire
Cette mesure comporte trois actions :
L’embauche d’un agent de soutien régional
Le mandat principal de l’agent de soutien régional sera d’assurer le suivi de la mise en œuvre du plan d’action et de soutenir le déploiement de l’expertise et de l’accompagnement en matière de prévention et de traitement de la violence à l’école, en prenant en compte les besoins et la réalité de la région. Cela est cohérent avec notre plan d’action qui n’entend pas proposer un programme uniforme de prévention et de traitement de la violence à implanter partout au Québec.
Le mandat de l’agent de soutien l’amènera également à collaborer et à agir de concert avec les différents responsables de dossiers à la direction régionale afin d’assurer l’intégration et la complémentarité des services en matière de prévention et de violence à l’école.
L’agent de soutien mettra en place un groupe-relais dans sa région et en assurera la coordination.
La création d’un groupe-relais par région
La composition des groupes-relais pourra varier d’une région à l’autre. Ils seront constitués de représentants de la direction régionale du ministère, des commissions scolaires, des partenaires du milieu, et des parents. Ces groupes seront des lieux privilégiés de partage d’informations, d’expériences et d’expertises en vue d’outiller les commissions scolaires et les écoles afin qu’elles puissent assumer pleinement leur responsabilité de prévenir et de traiter la violence. Ils seront des lieux de concertation qui permettront d’éviter les actions en silo. Dans leurs travaux, ces groupes se préoccuperont tout autant des personnes victimes que des agresseurs ou des témoins. Ils se préoccuperont également des réalités particulières de leur région, par exemple les gangs de rue ou la situation des autochtones.
Des sessions de formation et d’accompagnement
Les sessions de formation seront destinées aux membres des groupes-relais et à d’autres intervenants désignés par les commissions scolaires. Elles leur permettront de recevoir une information à jour sur le plan des connaissances et de disposer des outils leur permettant des approches efficaces pour prévenir et traiter la violence. Entre autres choses, elles seront l’occasion :
● d’outiller les milieux afin d’inventorier leurs actions pour prévenir et traiter la violence à l’école en tenant compte de leur population, du climat scolaire, de leur effectif, de leur environnement, etc., et pour évaluer l’impact des actions réalisées;
● de faire connaître des stratégies éducatives, des pratiques prometteuses et des programmes de prévention et de traitement bien structurés et reconnus au Québec ou ailleurs par les spécialistes en santé et en éducation;
● de s’approprier une démarche structurée et cohérente en prévention et en traitement de la violence, à partir d’une définition commune de la violence à l’école, qui couvrira les différents secteurs d’enseignement tout en prenant en compte les victimes, les agresseurs et les témoins ainsi que le stade de développement des jeunes.
Outiller les écoles dans leurs interventions au regard de diverses problématiques tels la cyberintimidation, le taxage, le racisme, l’homophobie, la violence dans le transport scolaire
Pour réaliser cette mesure : un outil de référence
L’outil de référence portera sur différents aspects de la violence tels la cyberintimidation, le taxage, l’homophobie, la violence dans le transport scolaire, etc. Il en fera ressortir les caractéristiques et facteurs explicatifs, leurs manifestations et conséquences ainsi que des pistes d’action pertinentes pour améliorer la situation. De plus, il fera connaître des ressources existantes que les écoles pourront utiliser, soit pour une collaboration dans la mise en place d’actions, soit pour du soutien dans l’élaboration de leur stratégie locale d’intervention.
Faciliter la mise en place d’interventions efficaces principalement à l’éducation préscolaire et à l’enseignement primaire , en vue d’agir tôt
Une allocation annuelle de 2,3 millions de dollars sera versée aux commissions scolaires, de façon récurrente, pour permettre aux écoles, principalement à l’éducation préscolaire et à l’enseignement primaire, de mettre en place des interventions efficaces, des programmes éprouvés incluant notamment des mesures pour les élèves victimes ou témoins.
S’assurer que chaque école élabore une stratégie d’intervention en prévention et en traitement de la violence ancrée à son projet éducatif et à son plan de réussite
Chaque école se donnera une stratégie globale et concertée en matière de prévention et de traitement de la violence qui commencera par la réalisation d’un portait de situation. Cette stratégie devra prendre en compte les manifestations de la violence reconnues comme problématiques dans le milieu et les diverses circonstances où elles se présentent, le rôle des acteurs, le code de vie, l’information sur les droits et responsabilités, la déclaration d’événements, la protection des élèves et du personnel qui en sont victimes, le traitement des plaintes, les mesures liées à la sécurité, etc.
Assurer aux élèves suspendus ou expulsés un soutien pédagogique et psychosocial favorisant leur intégration à l’école
Une allocation annuelle de 1,75 million de dollars sera versée aux commissions scolaires, de façon récurrente, pour leur permettre d’organiser un service de soutien pédagogique et psychosocial favorisant la réintégration des élèves suspendus ou expulsés de l’école. Un service de cette nature permettra aux élèves de travailler de façon constructive sur les attitudes et les comportements qui nuisent à leur intégration sociale, à leur réussite scolaire et au fonctionnement de leur classe. Il leur permettra également de se mettre à jour dans leurs travaux scolaires afin de faciliter leur retour en classe.
Par ailleurs, depuis quelques années, il se produit parfois dans certaines écoles, dans le monde, des événements tragiques comme des prises d’otages ou des tueries. Jusqu’à ce jour, les écoles du Québec n’ont pas été le lieu de tels événements, contrairement à certaines institutions collégiales ou universitaires qui en ont connus, mais heureusement très peu. Il faut cependant prévoir des mesures de sécurité pour assurer, entre autres choses, l’efficacité des interventions dans ces situations exceptionnelles. Pour ce faire, notre plan propose une mesure particulière.
S’assurer que chaque commission scolaire possède un plan d’intervention en situation d’urgence applicable à elle-même et à ses écoles et qu’elle a établi une entente avec les autorités policières sur les interventions de la police à l’école
Chaque commission scolaire élaborera ou mettra à jour un tel plan d’intervention en situation d’urgence, applicable à elle-même et à ses écoles. Parmi les éléments que l’on pourra trouver dans ce plan, on peut mentionner, par exemple, la formation d’un comité dans l’école responsable de l’application des mesures, un plan de communication visant les membres de l’équipe-école, la commission scolaire, les partenaires et les parents, ainsi qu’une trousse comportant le plan détaillé et les renseignements spécifiques sur les membres du personnel et sur les élèves.
De plus, une entente sera établie avec les autorités policières locales sur les interventions de la police à l’école tant pour la prévention que pour les situations d’urgence.
AXE 2 : CONCERTATION ET FORMATION
En matière de prévention et de traitement de la violence, comme dans beaucoup d’autres domaines, la concertation et la formation sont incontournables pour assurer le succès et l’efficacité des interventions effectuées.
Cet axe comprend deux mesures :
Assurer une concertation efficace des actions nationales en prévention et en traitement de la violence dans ses différentes manifestations
Divers ministères québécois interviennent déjà, et vont continuer d’intervenir, dans la prévention et le traitement de la violence. C’est le cas du ministère de la Santé et des Services sociaux, du ministère de la Sécurité publique, du ministère de la Justice, du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles et du ministère de la Famille et des Aînés. Pour assurer la cohérence et la complémentarité des actions de chacun, un comité de concertation interministériel sera mis sur pied avec ces ministères.
Déterminer avec les universités des moyens d’inclure la problématique de la violence à l’école dans la formation initiale du personnel scolaire
Il est un fait que plusieurs éducateurs se sentent démunis quand il s’agit d’intervenir pour prévenir et traiter la violence. Le Ministère entend donc travailler de concert avec les universités, qui sont chargées de leur formation, pour faire en sorte que la formation initiale prépare encore mieux le futur personnel à faire face aux différentes situations de violence qui pourraient survenir dans leur pratique.
AXE 3 : RECHERCHE ET DOCUMENTATION
Plusieurs moyens seront mis en place pour permettre au Ministère et au réseau scolaire d’obtenir une meilleure connaissance du phénomène de la violence dans les écoles québécoises.
Documenter le phénomène de la violence au regard des causes et des facteurs déterminants
Un relevé de littérature permettra au réseau scolaire de mieux connaître et comprendre le phénomène de la violence à l’école et l’aidera à déterminer et à mettre en place les actions requises pour la prévenir et la traiter.
Établir un portrait national de la violence perçue et subie dans les écoles québécoises, à partir de données existantes
Ce portrait national permettra d’avoir, pour la première fois au Québec, une information étoffée par rapport à la violence perçue et subie dans les écoles primaires et secondaires. En effet, l’analyse de données existantes obtenues par un échantillon d’écoles ayant déjà effectué un portrait de situation permettra de produire des rapports descriptifs sur l’état de la violence perçue et subie par les élèves et les membres du personnel. Ces rapports examineront aussi les liens entre différentes manifestations de violence et d’autres composantes de l’environnement socio-éducatif, notamment le climat scolaire et certaines pratiques éducatives et organisationnelles.
Se donner un portrait continu de l’état de situation des manifestations de la violence dans le réseau scolaire québécois
À cet effet, un système de monitorage sera mis en place afin de dresser un portrait continu de la violence dans les écoles en ce qui a trait à ses manifestations, leur nombre et leur nature, aux victimes, aux témoins, aux agresseurs, au sexe, à l’âge, etc., ainsi qu’en ce qui concerne les lieux de son expression.
Établir un mécanisme de diffusion d’informations sur le phénomène de la violence à l’école
Un bulletin semestriel sera distribué dans toutes les écoles primaires et secondaires. Il contiendra de l’information pertinente et des connaissances actuelles relatives à la prévention et au traitement de la violence à l’école pouvant permettre d’enrichir les compétences des intervenants. Il favorisera le développement d’une culture au regard de la prévention et du traitement de la violence à l’école tout en alimentant la démarche réflexive de soutien et d’accompagnement proposée au milieu scolaire. Il assurera également un transfert de connaissances entre le milieu de la recherche et la pratique dans les écoles par la diffusion des découvertes, des projets novateurs ou des pratiques exemplaires des intervenants et des chercheurs, en provenance du Québec ou d’ailleurs.
Créer, à partir du site Internet du Ministère, une section sur la prévention de la violence à l’école
Ce site Internet mettra en évidence, entre autres, des pratiques efficaces et des programmes reconnus tant par les spécialistes des réseaux de la santé que de ceux de l’éducation, des initiatives des autres ministères et organismes concernés en matière de violence chez les jeunes ou encore fera connaître des documents ou des initiatives existants.
Faciliter le rayonnement et la diffusion des expériences des milieux et des recherches en matière de violence à l’école auprès des divers intervenants du réseau scolaire et de ses partenaires
Un forum national sera organisé après une année de mise en œuvre du plan d’action. Il sera l’occasion de réunir des intervenants du milieu scolaire et des spécialistes de la recherche dans le but de partager leurs expériences et leurs expertises dans le domaine.
Concevoir un répertoire de programmes et de démarches élaborés au Québec ou ailleurs pour prévenir et traiter la violence à l’école
Plusieurs programmes et outils sont élaborés au Québec ou ailleurs sans être connus par les personnes qui ont la responsabilité d’intervenir en prévention et en traitement de la violence en milieu scolaire. Rendre accessible cette expertise permettrait à la fois de soutenir et d’enrichir les moyens mis en place.
AXE 4 : SUIVI ET EVALUATION
Enfin, comme le souhaitait le Vérificateur général du Québec dans son rapport de 2005, le suivi et l’évaluation permettront de s’assurer que le plan d’action atteint les résultats escomptés.
Cet axe comprend les trois actions suivantes :
Obtenir l’expertise permettant de valider les différents outils et interventions qui découlent de la mise en œuvre du plan d’action
Un comité d’experts formé à la fois de chercheurs du milieu universitaire et d’intervenants des commissions scolaires et des écoles est déjà en place. Par ses commentaires et propositions, il valide les différents outils et interventions qui découlent de la mise en œuvre du plan d’action.
Suivre la mise en œuvre du plan d’action avec la collaboration des partenaires
Le Ministère mettra en place un comité qui assurera le suivi des mesures déployées dans le réseau scolaire afin d’être renseigné sur la pertinence de maintenir, de bonifier ou de modifier les actions prises. La Table provinciale de concertation sur la violence, les jeunes et le milieu scolaire, un organisme déjà en place, agira à ce titre.
Évaluer la mise en œuvre du plan d’action et ses effets
Des mesures seront mises en place pour évaluer les répercussions du plan d’action sur les jeunes et le milieu scolaire. Cette évaluation sera réalisée en deux étapes, soit à la mi-temps du plan d’action et à la fin des trois années de mise en oeuvre.

CONCLUSION
Nous vous avons présenté les grandes lignes du plan d’action québécois pour prévenir et traiter la violence à l’école. Nous savons que celle-ci affecte aussi bien les jeunes et leur famille que l’ensemble du personnel scolaire. Par les différentes mesures et actions proposées dans notre plan triennal, le milieu scolaire devrait être mieux outillé pour comprendre les diverses formes de violence, en détecter les manifestations et intervenir efficacement. Nous souhaitons que tous les jeunes Québécois et leurs éducateurs puissent évoluer dans un environnement où l’on applique au quotidien les valeurs de respect, d’inclusion, de partage et d’ouverture à l’autre. Nous désirons également que ce plan leur permette de poursuivre avec plus de motivation et de sécurité leur cheminement scolaire, de se réaliser pleinement et de réussir leur parcours scolaire.


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